Tandis que s'achèvent les gros travaux de terrassement, l'autoroute de Gascogne, l'A 65, devient réalité concrète, au milieu des pins, au milieu de la vie des Landais (Part IV)

(photo Nicolas Le Lièvre)
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Bourriot-Bergonce
« Ne restez pas là », prévient une mamie dans une voiture verte. « Pourquoi ? » « Vous ne voyez pas ? C'est les travaux de l'autoroute »... |

(photo Nicolas Le Lièvre)
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Bostens
Que dire ? Aïe... Bostens a mal à la forêt, mal aux Neuf Fontaines, mal à ses souvenirs. Bien sûr, il y a des ponts pour la faune, un ouvrage qui passe au-dessus du cours d'eau sans le toucher. Mais rien ne sera plus comme avant : vierge. |
BOSTENS. La commune qui a symbolisé la résistance contre l'A65 oscille entre résignation, amertume et colère
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Dans la génèse de l'Autoroute de Gascogne, Bostens restera « le territoire identifié de la rébellion ». La phrase sort de la bouche du président d'A'liénor, Olivier de Guinaumont. Mais aussi, et surtout, du coeur des « anti ». Tous seuls ou au sein d'associations et du collectif, ils se sont battus comme des lions. Ont résisté, proposé des alternatives à l'autoroute, multiplié l'information, les actions, les dossiers, les comptages, les relevés sur le terrain, les recours en justice, les visites au ministère, et les saynètes de protestation jusqu'en haut de la tour Pey-Berland à Bordeaux. Ils ont replanté une centaine d'arbres le dimanche matin, organisé des festivals et des courses de tracto-brouette, participé à la parade climatique à Paris... Ils n'ont pas gagné. Désormais, l'autoroute passe sous leur nez. Au milieu de leur vie. Tous les jours.
Parmi eux, il y a les philosophes. Comme le maire de Bostens, Jean-Yves Paronnaud. « Aujourd'hui, c'est comme ça. Au stade où on en est, on peut râler, repenser à comment c'était avant, ça ne sert plus à rien de regarder en arrière. C'est fait », explique-t-il, accoudé au pont surplombant le chantier. « On a tout fait pour que les choses ne se passent pas de cette façon-là. On s'est battu longtemps, trop longtemps. Moi, je sais que je peux continuer à me regarder dans le miroir : j'ai fait ce que je devais faire. Est-ce que j'aurais pu faire plus ? Peut-être, mais j'étais l'un des rares élus », poursuit le maire, pragmatique. « Bostens restera Bostens. Avec une verrue. »
Malgré cela, tous les Bostensois sont restés. Aucun n'a déménagé. Et même, les particuliers continuent à construire des maisons dans la commune. « J'ai des appels dans tous les sens pour un terrain, situé à 400 mètres de l'autoroute », ajoute le maire. Lui-même habite à deux pas. « On ne voit rien, c'est sûr et on ne verra rien. Reste à savoir ce que l'on va entendre. C'est la grande discussion. » Une discussion qui anime les repas de famille à Bostens... « C'est fatigant »...
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(photo Nicolas Le Lièvre)
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Roquefort
Au milieu de la gadoue, Aurélie, 27 ans, conduit des engins. Comme son mari, Romain, qui, lui, passe ses journées au volant d'un « Bull ». « Comme ça, on se suit d'un chantier à l'autre », explique un accent du Nord-Pas-de-Calais.
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Ici, en 2011, le paysage sera métamorphosé, ainsi que le laissent supposer les infrastructures qui se dessinent autour de l'autoroute. Des zones d'activités verront le jour, ainsi qu'une nouvelle caserne, une école des feux de forêt. Du moins, quand le Service départemental d'incendie et de secours aura trouvé un autre terrain : celui qui était initialement destiné aux pompiers sera en fait traversé par la... LGV.
Je conseille vivement de voir l'article d'Aude Ferbos directement sur le site du Journal le Sud Ouest
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Actualité de l'A65 :
A65 : Bourriot-Bergonce, Roquefort, Bostens et les « anti » A65 dans l'après-guerre
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l'enfer du paradis perdu
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Et enfin Garlin
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IMPACT ÉCONOMIQUE. À Roquefort, Delphine Giacomin, agent Renault, entretient les véhicules utilitaires du chantier de l'A 65, tout proche. Un plus non négligeable
Au départ, Delphine Giacomin n'avait pas fait le rapprochement. Maintenant, la jeune responsable du garage familial Renault à Roquefort le sait : l'A 65 peut avoir des conséquences sonnantes et trébuchantes sur le chiffres d'affaires. « Économiquement, c'est un plus. Un gros plus. Je ne vais pas vous dire le contraire. » Delphine Giacomin ne donnera pas de chiffres. Seule certitude : « L'année dernière, le chiffre d'affaires en pneumatiques a presque explosé. Et je sais à qui je le dois... »
Située à quelques centaines de mètres d'un site majeur pour l'autoroute, l'agent Renault gère en effet l'entretien et les réparations d'une grande partie des véhicules utilitaires du chantier. En tout, le garage, animé par deux mécaniciens, un chef atelier et un apprenti, ont en charge 20 voitures de plus. Des véhicules soumis en plus à rude épreuve : « En gros, les Kangoo, ou les Partners, à bord desquels roulent les responsables de chantier, passent où un 4 x 4 ne passerait pas... » Dans l'argile visqueuse, dans les trous et les bosses, dans les carrières. Et souvent, ça casse...
Ça casse et ça roule
Et même sans cela : les kilomètres défilent vite, au compteur des hommes expatriés qui rentrent le week-end à la maison. « On s'occupe de voitures récentes, qui n'ont pas un an mais affichent 60 000 km ». D'où les vidanges, l'entretien courant... « Mais aussi le freinage, les pneumatiques, les amortisseurs. Sans parler des voyants allumés ou des moteurs qui ne démarrent plus », sourit Delphine Giacomin. Forcément, il faut que ça aille vite. « Ce sont des professionnels : ils ont besoin de leurs véhicules, mais il s'adaptent. Et nous aussi : au besoin, on leur en prête des Kangoo. Nos relations sont très cordiales ». Même quand les voitures arrivent pleines de boue. « On le sait. Alors, avant de les monter sur le pont, hop, on nettoie un peu, on enlève la boue, l'argile. »
Terrain loué
Il y a quelque temps encore, l'agent Renault avait un garage poids lourd intégré. « Du coup, les hommes du chantier venaient nous demander de leur faire des raccords hydrauliques, et on leur donnait volontiers un coup de main. » La section poids lourd a suivi la société du beau-père à Saint-Pierre-du-Mont. « Mais si on peut rendre service, il n'y a pas de problème. » D'ailleurs, le beau-père a accepté de louer un terrain contigu, pour accueillir les bureaux de l'A 65 dans des mobile-homes. Un apport supplémentaire qui a financé la clôture de l'ensemble. « Si ça peut éviter les intrusions et les cambriolages... ».
A suivre
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