LE VIGNAU. --La future A 65 passera à l'est de la commune, entre les fermes et les champs. Conséquence : les tracteurs circuleront sur une route très accidentogène
La scission des prés
Le Vignau, ses 484 habitants, sa mairie ouverte quelques matinées par semaine et son clocher. Comme dans beaucoup de petites communes, la vie se concentre dans le bourg du village. C'est là, à l'ouest, que se trouvent les maisons et les sièges des exploitations agricoles. Les champs, quant à eux, sont de l'autre côté de la route 934, à l'est. Un point cardinal par lequel la future autoroute A 65, qui reliera Langon à Pau, doit passer. En elle-même, l'arrivée de cette infrastructure ne fait guère débat au Vignau. « Elle contribuera à désenclaver notre département », estime le maire, Guy Revel, loin du discours des opposants au projet. Pour autant, l'édile et ses administrés s'interrogent. Et se mobilisent.
Les raisons du soulèvement ne sont pas à chercher du côté de la protection d'espèces menacées. Quoique? S'il ne s'agit ni du vison d'Europe, ni de l'écrevisse à patte blanche, il est néanmoins question d'une population en voie de disparition : les agriculteurs. Jusque dans les années 1980, une trentaine de familles tiraient leurs revenus du travail de la terre. Aujourd'hui, elles ne sont plus qu'une quinzaine. Et leur quotidien risque d'être chamboulé par l'A 65. « Les fermes seront coupées de leurs champs par l'autoroute », explique le premier magistrat du Vignau.
Chemins de desserte en moins. « Jusqu'alors, les exploitants pouvaient emprunter trois chemins pour se rendre dans leurs champs : la route des chasseurs, celle de l'eau blanche et la départementale 64. Les deux premières vont être coupées. Ne restera plus que la troisième. » Problème : celle-ci est considérée comme la plus accidentogène du secteur. « Alors imaginez ce que cela peut devenir si l'on y ajoute des tracteurs et autres engins agricoles aux périodes des semis », poursuit Guy Revel.
Il y a trois ans, un accident mortel était survenu au carrefour du Lanot
Clairement identifié, le point noir se situe au croisement avec la route 934. Son nom ? Le carrefour du Lanot, situé en haut d'une côte, n'offre qu'une médiocre visibilité. Il y a trois ans, un accident mortel y était survenu. Et les habitants du Vignau craignent que l'histoire se répète. « La sortie aux Arbouts de l'A 65 ne sera pas créée dans les premiers temps. Du coup, la D 64 sera également empruntée par les automobilistes qui iront vers le Gers », prédit le maire de la commune. Pour lui, aucune place au doute : la circulation est appelée à se développer sur cet axe avec la construction de l'autoroute.
Se renvoyer la balle. Tous les protagonistes du projet ont donc été alertés. La société Eiffage, qui fait partie du groupement A'liénor, le concessionnaire de l'A 65, mais aussi, le préfet et le Conseil général. Son cheval de bataille - « créer un nouveau tronçon et, surtout, sécuriser le carrefour » - est pour l'heure resté lettre morte, chaque partenaire se renvoyant la balle quant au financement de l'opération.
Mais Le Vignau n'est pas prêt à baisser casaque. En novembre dernier, le Conseil municipal a rédigé une motion. En janvier, lors de la réunion publique organisée à Cazères-sur-l'Adour par A'liénor, les élus remettaient le couvert, en pointant les risques du carrefour du Lanot. Tout récemment, les riverains de la D 64 ont fait circuler une pétition dans le village. Une mobilisation qui pourrait finir par payer. Il y a une dizaine de jours, Guy Revel était reçu par « le député Henri Emmanuelli », espérant, plaisantait le maire du Vignau, que « le parlementaire en touche un mot au président du Conseil général ». La transmission serait en cours et plutôt en bonne voie?
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