Bostens (170 habitants) avait fait d'emblée figure de « village irréductible » à l'autoroute. N'est-ce pas aux Neuf-Fontaines que les opposants du collectif Alternative régionale Langon-Pau, entretenaient la flamme ? Mais A'liénor y a mis le paquet : 5 millions d'euros pour le viaduc. Outre la plus grosse enveloppe (440 000 euros) de tout le tracé (150 km) attribuée à Bostens au titre du 1 % Paysages, dans le cadre d'un projet de parc naturel de 23 hectares de la Communauté d'agglomération du Marsan. Ces chiffres sont certes à rapporter au coût total du chantier de l'A65 : 1,2 milliard d'euros. Mais, globalement, le concessionnaire - pour 60 ans - A'liénor s'honore d'avoir assumé en tout un surcoût environnemental de 150 millions d'euros.
Un large soutien de l'opinion
Objectivement, l'Autoroute de Gascogne n'aura pas fait les frais du Grenelle de l'environnement et de son plaidoyer anti-autoroutier. Il est vrai - cela crève les yeux sur une carte de France des autoroutes - que le quart sud-ouest restait la seule zone vierge en ce domaine. Au nom de quoi le nord-est des Landes, l'ouest du Gers et le Béarn auraient-ils dû demeurer économiquement sacrifiés ? Du sous-développement durable ? C'est en substance ce qu'ont su faire entendre élus de tous bords et responsables socio-économiques aquitains (chambres de commerce, etc.), gagnant incontestablement une très grande partie de l'opinion à la cause de l'autoroute.
À Mont-de-Marsan comme à Pau, le mot « désenclavement » a fait florès, devenant un lieu commun à mesure qu'avançait le chantier. Ce dernier aura duré quatre ans, depuis la déclaration d'utilité publique intervenue le 18 décembre 2006. Mais c'est bien toute la question, aujourd'hui : quel trafic va réellement engendrer la nouvelle autoroute, qui met Mont-de-Marsan à une heure de l'entrée de Bordeaux et Pau à une heure et demie de la métropole régionale ? Sachant que le prix du péage ne sera vraiment pas donné pour l'automobiliste : 18 euros entre Pau et Langon. Et qu'une clause financière « protège » le concessionnaire, en cas de non-rentabilité de l'infrastructure. Il est escompté un trafic de 9 000 véhicules par jour sur la future Pau-Langon. Alors que le flux quotidien sur l'axe actuel est de l'ordre de 7 000 voitures et poids lourds.
Philippe Barbedienne, directeur de la Sepanso (Société pour l'étude, la protection et l'aménagement de la nature dans le Sud-Ouest), prédit un sévère retour de bâton pour le contribuable. À l'inverse, les instances socio-économiques tablent sur un essor du trafic à la mesure du boum d'activités, de la dynamique attendue de la A65, qui, par le rétrécissement de « l'espace-temps », va selon elles révéler comme attractifs des territoires qui l'étaient déjà - par le prix des terrains, la qualité de vie, etc. - mais souffraient, de ne pas être « irrigués » par un axe rapide et sécurisé