Même si la circulation attendue n'est pas encore au rendez-vous, l'autoroute A65 reste une belle opportunité de désenclavement et un atout d'aménagement et de développement pour le nord-est du département . Charles Pélanne, conseiller général de Garlin et président de la communauté des communes, affiche un optimisme résolu. En clair, tout arrive à qui sait attendre. Les projets, ralentis par la crise, suivent leur bonhomme de chemin.
L'échangeur étant idéalement placé pour irriguer les territoires de Garlin, Arzacq, Lembeye, Geaune (Landes) et Lees-Adour (Gers), l'idée lumineuse des élus a été d'entreprendre un coude-à-coude intercommunautaire dans le cadre d'un syndicat mixte. Pour promouvoir l'activité dans une zone d'action concertée (ZAC), à Garlin. Etabli sur 30 hectares de réserves foncières, ce futur périmètre économique, d'un coût de 5M€, soumis pour l'heure aux procédures administratives, sera réservé aux deux tiers à l'agro-industrie, au commerce et à l'artisanat. Des partenariats sont pressentis de même avec Thèze et Serres-Castet.
Une pépinière d'entreprises du tertiaire une dizaine de bureaux verra également le jour. Ainsi qu'une Maison de Pays, vitrine des terroirs et des vignobles de Madiran, Saint-Mont et Tursan. Ouverture prorogée de six mois à fin 2012. Charles Pélanne insiste sur « la dimension qualitative » de cette zone d'activités, en termes d'assainissement (loi sur l'eau) et d'esthétique, liée à l'authenticité du territoire. L'élu de Mont-Disse qui se réjouit de la dynamique véhiculée par l'échangeur dans l'économie des villages, perçoit d'ores et déjà un léger afflux de population et notamment autour du chef-lieu de canton qui dispose de tous les services. En particulier d'une crèche pouvant accueillir jusqu'à 35 enfants, ainsi que d'une permanence sociale (assistantes maternelles et PMI).
Le maire de Garlin, Jean-Jacques Cerisère, table sur un gain de plus de 300 habitants en dix ans. Le plan local d'urbanisme (PLU) englobant le Grenelle 2 et qui devrait être validé fin 2012, concentre l'habitat au centre bourg. Des logements locatifs à prix modérés (7 maisons et deux appartements) sont livrés avec la Béarnaise.
Suite à l'acquisition d'un immeuble de caractère et de deux hectares cessibles. Un réseau gaz propane a été relié pour réduire la note des usagers. Et une nouvelle station d'épuration a été réalisée, mutualisée pour les effluents de la zone économique. Des aménagements paysagers périphériques donneront notamment naissance à une pénétrante l'an prochain.
Du côté de Thèze, les effets de la crise freinent les réalisations envisagées avec l'arrivée de l'autoroute. Mais on ne confond pas vitesse et précipitation. Et on se frotte les mains, comme Arnaud Moulié, président de la communauté des communes et maire de Miossens « face aux perspectives favorables qui en résulteront ».
D'abord, sur le plan locatif, la réhabilitation de l'ancienne caserne qui libèrera fin 2012 cinq appartements pour des familles et neuf pour des jeunes, se doublera d'un programme de construction de petits pavillons permettant l'accession à la propriété. « Il faut libérer de la place pour les jeunes » observe David Duizidou, maire de Thèze. Le PLU est en phase de finalisation. Une dizaine de permis de construire ont été accordés. Le petit commerce s'installe : un électricien et un salon de beauté, entre autres. L'accueil de la crèche de Thèze (24 enfants) va être doublé avec l'éclosion de deux nouvelles structures à Sévignacq et Doumy. Les zones économiques avancent sur Thèze, Miossens et Auriac. Pour le premier magistrat du chef-lieu, « il y a des signes encourageants, des projets qui sortent des cartons. ça prendra le temps nécessaire », dit-il, en ajoutant : « Mais l'autoroute est là ! »
Où sont les 40 millions de retombées ?
La question, un brin dubitative, a été posée notamment par Jean Roca, maire de Poey-de-Lescar. Le patron de la chambre de commerce de Pau, Patrick De Stampa, répond : « Les flux économiques ne se créent pas du jour au lendemain. On a attendu 40 ans la Pau-Bordeaux. Le monde économique béarnais a dû s'organiser en connexion avec Toulouse. Mais l'A65 est un signe fort pour les entreprises. Le déficit du chiffre d'affaires était spectaculaire avec la métropole d'Aquitaine. ça commence à bouger, les besoins se font sentir. Nous avions annoncé ce chiffre en année pleine. ça sera là quand les échanges seront optimisés. Les gens doivent changer leurs habitudes. Pour se désenclaver, on a créé Toulouse-Pau. Il faut inciter ceux qui n'ont pas fait cet effort à ouvrir des perspectives de travail avec la Région. Je ne suis pas inquiet. L'A65 a un effet de levier formidable pour les communautés de communes, les zones économiques. Nous avons accumulé beaucoup de retard. Si quelqu'un veut s'installer à Lescar, il n'y a rien de prêt. Mais je suis optimiste. ça va se faire, dans un délai compris entre 3 et 5 ans. Il faut modifier les flux relationnels des entreprises, aménager des terrains dans la communauté d'agglomération, comme à Garlin et Thèze. Rechercher des investissements sur Lacq. Déployer des stratégies en termes d'aménagement du territoire. Nous devons accélérer ce mouvement. Pour que des infrastructures germent sur le plan économique, il faut donner du temps au temps. On n'appuie pas comme ça sur un bouton pour que les choses se fassent ».