Alain Juppé a proposé hier de rouvrir le dossier du grand contournement autoroutier. Un revirement justifié par des accès saturés. Le débat est relancé
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Scène d'embouteillage sur la rocade de l'agglomération bordelaise. PHOTO ARCHIVES stéphane lartigue |
La phrase a secoué une assemblée d'humeur consensuelle. Les élus de la CUB discutaient hier matin du projet métropolitain. Vincent Feltesse, président PS, venait de rappeler « le projet urbain porté par Alain Juppé » depuis quinze ans et les chantiers en cours.
Le second se félicitait du fait que Bordeaux ait retrouvé son « rôle de ville centrale active ; ce qui est bon pour Bordeaux est bon pour la CUB ».
Et puis, Alain Juppé a souhaité poser « les vraies questions ». Celle de l'étalement urbain « pas réglé ». L'importance d'une « centralité » qui dépasse les seules frontières bordelaises. Enfin, celle de l'accessibilité de l'agglomération. |
L'A65 a été créée, la LGV va arriver, mais le maire de Bordeaux pense que la CUB ne peut pas faire l'impasse sur le devenir du port, sur une meilleure liaison gare-aéroport, sur la mise à deux fois trois voies de la totalité de la rocade. Mais surtout, le maire de Bordeaux a annoncé qu'il faut « rouvrir le dossier du grand contournement autoroutier face à l'incapacité à développer le fret ferroviaire dans ce pays ».
« La sagesse » de Borloo
Remous sur les bancs de l'assemblée communautaire. « Il a oublié son séjour à Montréal », lâche en aparté un élu se souvenant de l'humeur environnementaliste d'Alain Juppé à son retour du Québec. Redevenu maire de Bordeaux, n'avait-il pas salué la « solution de la sagesse » quand Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, avait annoncé en 2008 l'abandon de ce projet ?
Les premières salves sont venues bien sûr des rangs d'Europe écologie-Les Verts. « Vos propos ont déterré la hache de guerre », sur le grand contournement, a prévenu Gérard Chausset, membre de la commission « transports et déplacements » au bureau de la CUB.
Marie-Claude Noël, élue verte de Bordeaux, a fait part de son « extrême stupéfaction » tandis que Pierre Hurmic, lui aussi élu vert bordelais, s'est souvenu que lors du débat sur le projet métropolitain, il avait demandé le renoncement au grand contournement. « Personne ne m'avait contredit, a-t-il rappelé. Aujourd'hui le consensus contre ce projet d'un autre temps a explosé par la faute du gouvernement peinant à nous doter d'une politique ferroviaire digne de ce nom. » La CUB risquerait ainsi d'être à l'opposé d'une « métropole sobre » qui semblait faire l'unanimité.
Le débat en est resté là. Sur ce dossier, lancé et soutenu il y a plus de vingt ans par le président du Conseil général Philippe Madrelle, « il n'y a pas de frontière droite-gauche », a fait observer Alain Cazabonne, maire centriste de Talence. Et de se souvenir que « Vincent Feltesse nous avait dit que nous avions fait une erreur en renonçant trop vite. » D'ailleurs, tout en se disant « défavorable au fait de ressortir le dossier routier » dans le cadre du projet métropolitain, le président de la CUB a fait un constat proche de celui d'Alain Juppé en matière de transport routier ferroviaire. « Malgré tous les efforts de la CUB, de la Région, la situation se dégrade au quotidien. Ce n'est pas acceptable », a estimé Vincent Feltesse.
« Un Grenelle girondin »
De même Alain Juppé a argumenté sa nouvelle prise de position par « une réalité » : la mobilité et l'accessibilité extérieure à la métropole bordelaise deviennent difficile. D'ici vingt à trente ans, la LGV contribuera à apporter une réponse. « Sans me parer des plumes de paon, si je n'avais pas obtenu du président de la République une réunion d'arbitrage dans son bureau pour dire "on avance Tours-Bordeaux même si Poitou-Charentes ne paie pas", on serait encore bloqué », a précisé Alain Juppé à « Sud Ouest » en marge des débats.
Selon lui, il faut aussi continuer à « pousser Réseau ferré de France à mettre à l'étude le projet de grand contournement ferroviaire car nous ne pouvons pas avoir tous les trains de marchandises qui passent par Bordeaux Saint-Jean ; il ne faut pas renoncer à développer le fret mais la SNCF n'est pas bonne pour l'instant. » Sinon, faute de transfert modal, le grand contournement routier n'est plus tabou : « Il y aura peut-être demain des autoroutes intelligentes qui ne sont pas forcément des désastres pour l'environnement », imagine Alain Juppé.
D'ici là, le « Grenelle des déplacements en Gironde », proposé hier par Vincent Feltesse et accepté par Alain Juppé aura peut-être ouvert une autre voie.
9 juillet 2011 07h18 | Par Michel Monteil
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Après l'A65 :
Le grand contournement de Bordeaux refait surface
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Revoir le réseau TER
Est ce qu'il ne faut pas revoir le réseau TER pour laisser la rocade aux transit au lieu de déplacer le problème sur une deuxième rocade appellée Grand contournement.
Les dessertes vers la périphérie des villes est complètement obsolète. La suppression des petites gares et des lignes de trains déservant les villages a été une erreur monumentale.
Il faut absolument recréer les liasons vers les campagnes pour éviter l'engorgement des villes.
L'exode de la population des campagnes vers la ville ne vient pas du meiux vivre en ville, ni de l'emploi mais bien de l'impossibilité de se déplacer.
Bien sur ça arrange l'immobilier des grandes villes d'ou l'explosion des logements minuscules (studio) plus chères que les maisons de campagnes.
Donc le campagnard venu en ville pour "son bonheur" retourne en périphérie construire un pavillon en papier carton et se retrouve sur la rocade 2 heures par jour.
Il y va bien de l'incapacité de RFF de transporter la population.
La boucle est bouclée. A quand une monde construit pour les hommes et non pour enrichir ceux qui se déplacent qu'en hélicoptère ou avion privé.
Un bordeluche vert de gauche et pro Juppé
Concertation sans retard
Laurent Courbu, président de la Chambre de commerce et d'industrie régionale d'Aquitaine, défenseur de longue date du projet, s'est fendu hier d'un « bravo et merci à Alain Juppé d'avoir pris cette initiative » qui « représentera un véritable bol d'air pour notre région ».
Pierre Goguet, successeur de Laurent Courbu à la tête de la CCI de Bordeaux, est sur la même ligne et demande aux responsables politiques « de prendre leur responsabilité » sur cet « outil prioritaire ».
Faisant allusion au coup d'arrêt donné en 2008 au projet, le président de la CCIB précise : « Dans une société où les groupes d'opinion ont plus d'importance que les intérêts économiques, je souhaite que nous puissions faire entendre la voix des chefs d'entreprise sur un dossier vital ». Mais il prévient et insiste : « Nous ne souhaitons pas que la réouverture de la concertation sur le tracé soit source d'une perte de temps préjudiciable à notre avenir ». |