Trop tard, l'habitude dominicale est prise. Alors, tandis que certains membres de l'ARLP (1) continuent à défendre les intérêts des riverains, les Bostensois élargissent les statuts de l'association. Et ajoutent le patrimoine à la philosophie générale de protection et préservation de l'environnement.
Le Malichecq
Ainsi, naissent l'idée et l'envie de rénover le Malichecq, l'ancien logement d'un sacristain de Bostens. L'idée est simple : faire du bâtiment, racheté par la commune et inhabité depuis les années 1950, un site jacquaire, qui abritera la halte reconstituante des pèlerins perclus d'ampoules et de courbatures sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle.
C'est le 13 septembre 2009 que cette nouvelle aventure a commencé pour « six ou sept amateurs éclairés », qui se retroussent les manches et prennent la truelle le dimanche matin. Le nez dans la poussière, les mains dans les gravats, en avant la rénovation. Avec, évidemment, un budget riquiqui, heureusement amendé par la générosité des voisins. Certains ont en effet mis la main à la poche, d'autres ont offert une cuisinière Godin, cédé un joli meuble, un matelas qui sera bricolé en banquette… Tandis que la subvention municipale a payé le bois pour refaire le plafond, et que l'évêché a aussi fait un geste…
Dons et talents
D'un don à l'autre, le plancher a été remanié, les vitres remplacées, les murs passés à la chaux, les boiseries restaurées et repeintes… Il y a aussi eu l'électricité, refaite par un artisan du village, et bientôt l'eau sera raccordée par un plombier bénévole. Là-dessus, chacun a apporté sa touche personnelle, selon son talent ou ses possibilités.
Avec de vieux bouts de bois, beaucoup de goût et de l'imagination, Stéphane par exemple a bricolé un meuble pour entreposer bois et pommes de pin, digne des grands magazines de décoration, tandis que Georgette a retrouvé et offert la croix qui décorait la chambre de ses parents et qu'un jeune ado étudiant en mécanique a réparé la serrure des croisées… Des meubles ont été chinés dans les brocantes ou sur Internet, ainsi qu'un abat-jour en faïence de Samadet, des carreaux en mosaïque pour le coin salle d'eau… Bien sûr, tous les travaux sont réalisés sous haute surveillance : l'église appartient en effet aux Bâtiments de France.
Des merveilles cachées
Surprise : sous les décombres, les bricoleurs découvrent « des merveilles ». D'anciens vêtements sacerdotaux, des crucifix, des croix et des statuettes, des colonnes, des ostensoirs… Une fois restaurés par des spécialistes, ils seront rassemblés et conservés dans une partie musée.
Déjà, l'endroit prend forme. Les bénévoles espèrent être prêts cette saison et présenter leur œuvre pour les Journées du patrimoine. « Mais avant ça, il faut qu'on finisse la façade de la cour, et tout peindre du même vert. Pour que ce soit coquet », expliquent Christian et Françoise, en montrant les jardinières en tuiles qui protègent désormais les rosiers grimpants fuchsia.
Déjà, il y a des souvenirs que l'on raconte au passé, et qui sentent bon le café chaud. « Au début, on s'est un peu caillé. Mais on a vite testé la cheminée, les gens du village s'arrêtent, nous amènent des gâteaux, des croissants… »
Après, il y a aussi la cour et le jardin du curé à rénover. Avant de s'attaquer à la réfection du baptistère, à l'entrée de l'église du XIe siècle. « L'éclairer, mettre en scène et faire ressortir la beauté des lieux. » En espérant aussi des orchestres de chambre. « On a constaté que l'acoustique était ici exceptionnelle. » Et peut-être aussi des baptêmes. Mais là, il faut aussi que les voisins mettent du cœur à l'ouvrage et des bébés en route. Le dimanche ?
(1) Alternative régionale Langon-Pau.