Présentée comme indispensable, notamment pour des raisons de sécurité, l'autoroute A65 inaugurée il y a un an, peine pourtant à convaincre les utilisateurs. Les 150 kilomètres mis en service entre Langon au sud de Bordeaux et Pau ne reçoivent pas les 7.660 véhicules par jour prévus, et encore moins les 9.200 espérés.
Au mois de mai dernier, une association opposante de la première heure au projet, Sepanso, avait estimé à 4.000 véhicules le trafic sur vingt-quatre heures, qui serait passé aujourd'hui à 6.000 véhicules selon le concessionnaire, A'liénor. « Il faudra trois ans pour parvenir aux chiffres prévus », estime Olivier de Guinaumont, le président d'A'liénor, qui s'estime « satisfait » du nombre de véhicules légers, mais « déçu » par le trafic poids lourds. « On ne crée pas des flux d'un coup de baguette magique. Le milieu des affaires va là où il y a des infrastructures et, pour l'A65, cela va prendre quelques années », remarque Patrick de Stampa, président de la CCI de Pau-Béarn.
Prix du péage élevé
Les poids lourds en tout cas boudent. Sans doute à cause du prix du péage, jugé trop élevé (55 euros pour un semi-remorque). Aussi les Conseils généraux de la Gironde et des Landes envisagent-ils d'interdire la circulation des camions en transit sur ces routes départementales dangereuses et ainsi les contraindre à emprunter l'autoroute, beaucoup plus sûre. « Dès lors que le concessionnaire consentirait à baisser ses tarifs, cela serait une solution gagnante pour tout le monde », explique Robert Cabé, vice-président du Conseil général des Landes.
Une baisse des tarifs rejetée toutefois par A'liénor qui propose déjà une réduction allant jusqu'à 13 % aux utilisateurs les plus réguliers ou aux camions les moins polluants. La faible fréquentation inquiète pourtant certains élus. En effet, les travaux ont été financés par 300 millions d'euros apportés par , les actionnaires d', et par 1 milliard d'emprunt bancaire. En outre, les surcoûts liés au Grenelle de l'environnement avaient permis au concessionnaire de recevoir 90 millions d'euros de l'Etat et de voir sa concession passer de cinquante-cinq à soixante ans. Malgré tout, une clause de déchéance prévoit que l'Etat et les collectivités supporteraient les dettes en cas de défaillance du concessionnaire. « S'il y a un risque, il faut le provisionner. Mais la région n'a jamais eu accès aux annexes financières que nous avons pourtant demandées au ministre en juin », s'inquiète Patrick du Fau de Lamothe, conseiller régional Europe Ecologie-Les Verts.