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«Photo Sud Ouest;» |
Dans une semaine, les élus du conseil général se retrouveront au Parlement de Navarre pour débattre des dossiers liés au transport. Une séance sans vote qui verra le projet de nouvelle liaison entre Pau et Oloron constituer un morceau de choix. Un rendez-vous qui intervient alors que les opposants se font de plus en entendre. État des lieux.
Où en est le projet?
En plein dans les études. Le 30 juin, le conseil général a voté une délibération (42 pour, 3 contre, six abstentions) afin de lancer ces dernières. Elles sont financées par un syndicat mixte qui réunit quatre collectivités: l’agglomération de Pau, les intercommunalités de Lacq, du piémont oloronais ainsi que le conseil général.
Quand seront connues les conclusions de ces études?
Une partie dès le 16 décembre. Elles ont été menées par la multinationale canadienne Lavallin. Les études complémentaires, voulues par Georges Labazée, seront dévoilées plus tard. D’autant qu’il faut d’abord effectuer des carottages en territoire arbusien, fief de la contestation. Il n’y a pas encore de calendrier connu pour le rendu de ce travail.
Quel tracé tient la corde?
Il ne s’agit pas d’un tracé mais seulement d’un fuseau de 300 mètres entre Poey-de-Lescar depuis le nœud A64/A65 et Précilhon, via un tunnel sous les coteaux d’Arbus. Un avant-projet sommaire dessiné par en 1998. Existe également une deuxième option sans franchissement du gave, avec départ depuis la RD2, la route qui mène à Mourenx et longe la rive gauche du gave.
Y-a-t-il une vraie volonté politique ce projet?
Georges Labazée assure que oui. « C’est dans le programme socialiste et ma position reste de rendre possible ce projet. » Le président du conseil général estime ainsi qu’il n’est pas admissible que l’axe Pau-Oloron « continue à être asphyxié. »
Président de la CC Lacq, le député David Habib juge cette nouvelle liaison indispensable pour renforcer les liens entre les bassins oloronais, palois et de Lacq. « Mais aussi sécuriser cet axe. » La représentation économique plaide aussi en ce sens. « C’est indispensable pour le développement économique du Haut-Béarn mais aussi rendre la circulation plus fluide » précise le président de la CCI Pau-Béarn Patrick de Stampa.
Si le projet est lancé, qui paiera?
Le conseil général sera maître d’ouvrage. Sachant que le coût serait de 400 millions d’euros, la collectivité sera donc obligée de monter un tour de table. L’État est prêt déjà à verser 60 millions d’euros en contrepartie de la participation du département au financement de la LGV. Mais le montage financier global reste encore à imaginer.
Quand débuterait le chantier?
2014: c’est la date espérée par Georges Labazée pour la déviation d’Oloron, entre le Gabarn et Gurmençon. C’est le tronçon le plus au sud de la Pau-Oloron pouvant être réalisé indépendamment de cette dernière. Dans un second temps, les travaux remonteraient vers le Nord. Mais là pas encore d’échéancier.
Y aura-t-il un péage?
Le président du conseil général a dit qu’il n’était pas partisan de cette option à la foire-exposition de Pau. Il nous l’a redit hier. « Je regarde ce qui se passe ailleurs. Et l’exemple qui me plaît aujourd’hui, c’est plutôt ce qui s’est fait dans les Landes: de Saint-Sever à Mont-de-Marsan, soit 18 kilomètres de voies rapides. » Et gratuites.
Existe-t-il d’autres hypothèses de départ?
Les études complémentaires doivent permettre d’appréhender toutes les options. Y compris celle d’une liaison qui partirait plus à l’Ouest. C’est-à-dire du Bassin de Lacq. David Habib annonce la couleur. « J’ai déjà dit, avec Yves Salanave-Péhé (conseiller général de Monein) que si, pour diverses raisons, Pau-Oloron ne pouvait se faire, nous serions ouverts à toutes les hypothèses.
Et pas opposés à ce que soit envisagée une liaison entre Lacq et Oloron. »
Il est vrai que l’échangeur d’Artix et ses vastes zones d’activités Eurolacq (I et bientôt II) sont toutes proches.
Reste que le député-maire de Mourenx ne veut pas non plus brusquer les choses. « Le conseil général doit d’abord entamer les sondages et l’agglomération de Pau se positionner. »
Opposants: ils pourront siéger au comité consultatif du projet
La délibération prise le 30 juin par le conseil général, pour autoriser les études, a été attaquée le 2 novembre dernier au tribunal administratif par Didier Larrieu, maire d’Arbus, et Jean Roca, son homologue de Poey-de-Lescar. Une action complétée par des votes en conseils municipaux des deux communes mais aussi de leurs homologues d’Artiguelouve (Eline Gosset), d’Aubertin (Philippe Boilot) et Précilhon (Stéphanie Redal), de délibérations marquant l’opposition à al nouvelle liaison.
Les cinq maires pointent une « absence de transparence, un gaspillage de l’argent public mais aussi une manipulation des populations. » L’Arbusien Didier Larrieu est sans doute le plus en pointe puisqu’il relève qu’avec ce projet 20 % du territoire de sa commune sera gelé. « Je m’opposerais donc au sondage qui doit être réalisé ici. » Lundi matin, ces mêmes élus ont rencontré, au conseil général, les élus Bernard Molères (Orthez) et Michel Chantre (Lembeye), qui suivent plus particulièrement ce dossier. Un échange pour savoir où en était le dossier, mais aussi leur apprendre qu’ils seraient désormais invités à participer à un comité consultatif au sein du syndicat mixte qui participe aux études. Un comité qui n’avait pas encore été installé, et qui, même s’il n’aura donc qu’un rôle consultatif, leur permettra d’être tenus au courant de l’avancée du projet.
Une voie contestée par les uns, mais qui est réclamée par d’autres
La Pau-Oloron reste un sujet passionnel qui voit donc des associations s’affronter à coup d’arguments. Si dans le camp des opposants au projet, on trouve bien évidemment le Code, organisateur régulier de plantations à Arbus (notre édition de lundi), chez les partisans de cet axe, c’est l’association Béarn Adour Pyrénées (BAP) qui est le plus en pointe.
Présidée par Jean-Michel Lamaison, cette dernière, qui nourrit d’autres combats comme celui de la desserte du Béarn, par la ligne grande vitesse (LGV), revendique 500 adhérents, particuliers comme institutionnels. Pour l’association, ce dossier « est même d’une importance capitale puisqu’il conditionne l’avenir du bassin industriel du Haut-Béarn. »
Traduction, les difficultés pour accéder au piémont oloronais depuis la vallée du gave de Pau, l’encombrement mais aussi la dangerosité de l’axe, pourraient avoir à terme des conséquences néfastes pour les entreprises haut-béarnaises. Et surtout, inciter celles qui souhaitent s’installer en Béarn, à réfléchir à deux fois avant de miser sur une des zones d’activité du Haut-Béarn.