« Les décideurs bordelais ne se préoccupent pas de ce qui se passe dans l'intérieur aquitain. Mais le véritable grand contournement de Bordeaux avorté, c'est ici, à l'est, qu'il va se faire », insiste Jean-Marc Richard, le président de Devlop'SO.
Pour étayer leurs propos, les associations se basent sur l'expérience des chauffeurs routiers. « Lors de réunions, les transporteurs espagnols nous ont dit que dès que l'axe Jaca-Pau serait ouvert, ils prendraient l'A65 pour rejoindre l'A89 », rapporte Jean-Marc Richard. Par conséquent, ils feront l'impasse sur la rocade bordelaise pour rallier plus vite le nord et l'est de l'Europe.
Pour Jean-François Petit, président de l'Union syndicale locale de la Fédération nationale des chauffeurs routiers, l'augmentation de camions en transit sur l'agglomération périgourdine et sur les routes de Dordogne devrait se faire sentir très rapidement.
Gagnants sur deux tableaux
« À Périgueux, les poids lourds sont interdits en ville, pourtant vous en trouvez partout. Pourquoi ? Parce que le contournement par l'autoroute prend 25 minutes de plus. Alors, pour réduire les coûts de transport et gagner du temps de conduite, ils passent par Périgueux », explique Jean-François Petit. De plus, l'amende de 22 euros n'est pas du tout dissuasive. « Ils ne se font pas arrêter souvent et, même en payant l'amende, le transporteur est gagnant au niveau du temps », poursuit-il. Illustration supplémentaire : pour un camionneur, parcourir la distance Bordeaux-Poitiers par la N 10 ne coûte rien. En prenant l'autoroute, il faut débourser 55 euros.
Autre point noir non négligeable, la sécurité. « Il n'y a pas assez d'aires de stationnement et de repos pour les camionneurs s'ils veulent se restaurer ou prendre une douche. Sur l'autoroute, vous avez celles des Palombières et de Saint-Laurent-sur-Manoire. Sur la RN 21, rien. La zone concernée par l'accroissement de circulation entre Langon et Limoges n'est pas équipée pour cela. Les conducteurs vont stationner sur les bandes d'arrêt d'urgence pour se reposer, ce qui va poser des problèmes de sécurité », souligne Jean-François Petit.
Dans les cartons du ministère des Transports il existerait, selon Devlop'SO, un projet de Liaison assurant la continuité du réseau autoroutier (Lacra) entre Langon et l'A89. Mais, « comme il faudra un financement public et que les caisses sont vides… », commente Jean-Marc Richard.
Les associations, qui souhaitent « harmoniser le développement humain et le respect de l'environnement », proposent de réfléchir à des déviations pour les communes qui vont connaître un accroissement de circulation, ou de forcer les usagers de la route à prendre les autoroutes existantes, quitte à perdre du temps mais à gagner en sécurité.