Les images se suffisent à elles-mêmes. La simple vision de cette cabine de poids lourd qui est allée s'encastrer hier, à 12 heures, dans la façade du restaurant Le Mille-pattes, sur la D 934, à Pouydesseaux, permet de se rendre compte de la violence du choc. La même vue glaçante permet surtout d'entrevoir les conséquences terribles qu'aurait pu entraîner cette sortie de route si elle avait été à déplorer en plein service, quelques minutes plus tard.
Par chance, deux personnes seulement étaient attablées au moment de l'accident. Et un heureux hasard avait voulu qu'elles soient placées à « la 8 », un endroit à l'abri situé dans une petite salle au fond du restaurant. Tout aussi chanceux dans un malheur qu'ils tentaient hier de relativiser, les propriétaires des lieux s'en sont également sortis indemnes. « Lorsque ça s'est produit j'étais derrière la porte d'entrée, à moins de deux mètres de l'endroit où ça a tapé, revivait à chaud le propriétaire du restaurant, Claude Montambaux. J'ai entendu un grand bruit, j'ai tourné la tête, vu le camion. Je me souviens d'avoir juste eu le temps de crier "barrez-vous !" et la cabine du poids lourd était déjà rentrée dans le restaurant… »
L'impact est d'une intensité rare. Il fait trembler tous les murs et voler en éclat la moitié de la salle. L'épouse de Claude, Nathalie, s'est réfugiée au plus loin de la route, là où elle pouvait. Restée à l'étage, la fille des restaurateurs voit d'un coup le plancher s'affaisser. La très grosse frayeur est passée. Tout le monde, sur place, est évidemment très choqué. Mais seuls les conducteurs du poids lourd et de la Citroën Xantia impliqués dans la collision qui avait précédé la perte de contrôle sont légèrement blessés.
Tout le monde choqué
« C'est un véritable miracle qu'il n'y ait pas eu de mort. Si cela s'était produit quinze à vingt minutes plus tard, cela aurait été dramatique », commentait dès hier midi le maire de Pouydesseaux. François Sallibartan sait de quoi il parle. Ainsi l'édile n'arborait pas le même visage lorsque, il y a deux ans, au mois d'octobre 2009, deux Périgourdins avaient trouvé la mort dans des circonstances similaires sur le même carrefour du Pillelardit. La trajectoire du camion mis en cause dans cet accident mortel de la route s'était alors arrêtée contre le mur de la maison située juste en face du restaurant.
Alertés par le bruit et l'animation inhabituelle provoquée par les opérations de secours, leurs propriétaires étaient venus s'assurer que personne n'avait été blessé. « Quand cela nous était arrivé, cela avait été terrible. Je n'en suis pas encore guérie », recommençait à trembler sa résidente, Marie Lacomme.
D'après les premiers éléments cette nouvelle sortie de route serait intervenue suite à une tentative d'évitement. Probablement en état d'hypovigilance, le conducteur de la Citroën qui circulait dans le sens Langon-Pau venait de se déporter sur la voie de gauche. Le chauffeur de la société Ferrapie Transport Affrètement arrivait en sens inverse. Il aurait alors donné un coup de volant et perdu le contrôle de son camion.
Mais plus que les circonstances propres à ce sinistre ou les conséquences financières et matérielles que devra supporter l'établissement, c'est bel est bien le caractère « particulièrement accidentogène » de ce carrefour que souhaitaient dénoncer hier les administrés de Pouydesseaux (lire dans l'encadré ci-dessous).
Un nouveau drame a été évité mais il s'en est fallu de peu. D'après nos informations, soixante personnes étaient attendues pour déjeuner, à 13 heures. « Il y aurait forcément eu des morts et des blessés », frissonnait à cette seulee idée le maire de la commune, François Sallibartan.
« Des accidents ici, j'en ai vu des centaines et des centaines »
Au carrefour du Pillelardit, on a arrêté de compter les accidents depuis bien longtemps. La légende ...
en savoir plus ...
Au carrefour du Pillelardit, on a arrêté de compter les accidents depuis bien longtemps. La légende sans cesse réveillée par de nouvelles collisions voudrait même que l'on en déplorait déjà à l'époque où le croisement était un lieu de passage des diligences où les bandits venaient piller, l'ardit, la monnaie de l'époque. Reste que, blague à part, les mémoires locales représentées par le maire de Pouydesseaux, François Sallibartan, ou le natif du Pillelardit sinistré il y a deux ans, Jean-Pierre Lacomme, en recensent « des centaines et des centaines » depuis leur naissance.
Au milieu des années 1970, la construction d'une bretelle permettant aux automobilistes d'enjamber la D 934 devait limiter la casse déjà dénoncée. On avançait alors le chiffre fou de « 120 morts » déplorés sur ce carrefour de la D 933 reliant Mont-de-Marsan et Saint-Justin. Le changement n'a pas été probant.
L'ouverture de l'A 65, et la déviation supposée des poids lourds, devait également permettre de fluidifier le trafic, et donc de limiter les risques. Hélas, pour les raisons que l'on sait, rien n'a changé…
Presque tous les mois
Du coup, à chaque nouvel accident, tout le monde s'agace. « Tout le monde sait que ce carrefour n'est pas adapté. Je l'ai déjà dénoncé personnellement, j'ai demandé à ce que la circulation soit ralentie. C'est simple, tous les accidents se produisent là ! », insistait à nouveau hier François Sallibartan.
« Même si ce n'est pas le cas aujourd'hui et que ce n'était pas le cas non plus de l'accident mortel d'il y a deux ans, le gros problème ici c'est l'utilisation du GPS, poursuit Jean-Pierre Lacomme. Les gens suivent les instructions de leur GPS plutôt que de regarder les panneaux. Puisque la bretelle n'est pas indiquée, ils quittent la D 933 et vont couper la D 934. Il suffit alors qu'ils brûlent le stop et ça tape, c'est presque automatique. »
Automatique ou pas, les témoins évoquent « des accidents matériels presque tous les mois ».
L'un d'entre eux s'était encore produit une semaine à peine après la rénovation de la façade du restaurant, il y a quelques mois.
copier le texte long ici
Marquer comme lu.