Les acteurs du dossier sont pressés par le gouvernement et le préfet de rendre leur copie
1 Alain Rousset : « Un outil magique »
Le président du Conseil régional d'Aquitaine a décidé de tout miser ou presque sur la réalisation de la ligne à grande vitesse (LGV). Pour lui qui rêve d'installer définitivement la région dans la modernité, il n'y a pas d'autre solution possible que cet « outil magique » d'aménagement du territoire. Il adhère complètement aux analyses de RFF, qui prévoit de « multiplier par cinq le nombre de voyageurs » de Paris à Bordeaux, et aux possibilités de report modal ouvertes pour enfin ouvrir le trafic de fret au rail plutôt qu'à la route, dès que le réseau espagnol sera ouvert à l'écartement européen, à partir de 2013.
La LGV est aussi, selon lui, une occasion de fédérer l'ensemble des régions du Sud-Ouest derrière un grand projet commun, et il n'a pas renié la décision de regrouper 59 collectivités locales pour participer à son financement. D'une part, Alain Rousset souhaitait que la Région apparaisse comme leur chef de file dans un grand dessein qui les dépasse tous. D'autre part, le coût aurait été colossal pour le seul budget aquitain, qui devra déjà y consacrer 600 millions d'euros en ne versant que le tiers de la part des collectivités locales. Les orientations budgétaires envisagées en octobre 2008 ont montré que le budget régional en serait déjà affecté au moins pour les vingt prochaines années.
Il a fait face tant bien que mal à la grogne de ces collectivités, attisée par l'opposition UMP qui en profite pour préparer le terrain des élections régionales en 2010. Dans sa propre majorité, il semble avoir réussi pour l'instant à contenir les velléités des Verts, qui sont « favorables au ferroviaire », comme l'explique Michel Daverat, président du groupe, tout en soutenant les opposants locaux comme au Pays basque ou dans le Sud- Gironde comme pendant le débat public.
2 Martin Malvy : « Ce projet est un tout »
Le président du Conseil régional de Midi-Pyrénées a brûlé ses vaisseaux en se présentant comme le leader de l'opposition à la construction d'un deuxième aéroport toulousain en 2004, au moment de solliciter un second mandat. Il n'avait pas d'autre solution que de s'en remettre au projet de TGV Paris-Bordeaux-Toulouse, qui mettra le Capitole à trois heures de Montparnasse, d'autant plus que l'État a abandonné le projet Polt (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse), lancé par Jean-Claude Gayssot.
Midi-Pyrénées est le bon élève de la classe, assure Martin Malvy, puisque la Région a déjà réuni 95 % des financements qui lui sont demandés, aussi bien pour la section Tours-Bordeaux que pour les Grands Projets Sud-Ouest (GPSO). Selon lui, les trois branches de la LGV, Tours-Bordeaux, avec ses prolongements vers l'Espagne et vers Toulouse, « forment un tout ».
C'est pourquoi il s'est immédiatement inquiété des déclarations de Michèle Alliot-Marie : « Elles ajoutent du trouble au trouble des collectivités qui n'ont pas encore délibéré sur leur participation », estime-t-il cependant.
3 Ségolène Royal : une lettre de Borloo
La présidente de Poitou-Charentes n'a jamais manifesté d'enthousiasme pour le financement de la LGV. Quand elle est interrogée sur la question, elle répond invariablement que les grandes infrastructures sont de la responsabilité de l'État. Sa Région acquittera une somme forfaitaire pour tous les projets ferroviaires, au sein de laquelle RFF devra affecter une somme pour la LGV. Jean-Louis Borloo, ministre du Développement durable, lui a adressé une lettre la semaine dernière pour qu'elle précise enfin ses intentions. Selon les connaisseurs du dossier, la participation promise serait en effet insuffisante en regard du projet et devrait conduire RFF à offrir un « service dégradé ».
4 Juppé : accélérer Tours-Bordeaux
Le maire de Bordeaux s'est ému des positions de Michèle Alliot-Marie pendant la campagne électorale des européennes. Bien que ne participant pas au financement, puisque c'est le rôle de la Communauté urbaine, il joue néanmoins de son influence auprès du Premier ministre et du président de la République. Jeudi dernier, à Bordeaux, il a déjeuné avec Nicolas Sarkozy et en a profité pour lui demander d'accélérer le dossier de la section Tours-Bordeaux, ce que celui-ci aurait accepté.
5 MAM : Pays basque avant tout
Michèle Alliot-Marie, qui souhaite continuer à s'appuyer sur ses réseaux d'influence au Pays basque, a usé de son poids de ministre de l'Intérieur en tentant de bloquer le dossier dans sa partie la plus controversée, le tronçon reliant Bayonne à la frontière espagnole. Son initiative a eu un écho ce week-end avec l'organisation d'un référendum local (lire en bas à gauche), en l'absence de réaction du Premier ministre. Elle a aussi obtenu le soutien d'élus - comme Daniel Garrigue, député de Dordogne - qui trouvent l'influence de Bordeaux trop pesante en Aquitaine.
6 Dominique Schmitt : « Plan B »
Le nouveau préfet de la Région Aquitaine a été clair hier en se présentant à la presse régionale. Si les collectivités du Sud-Ouest n'ont pas fait connaître de façon claire avant le 15 juillet prochain leur participation au protocole de financement, il sera dans l'obligation de passer à la présentation d'un « plan B », auquel ses services travaillent déjà. Ce plan serait déclenché dès lors que les collectivités n'auraient pas garanti 80 % du financement.
Parallèlement, Dominique Schmitt attend avant cette date un arbitrage du Premier ministre sur la section Bayonne-Espagne, afin de ne pas avoir à reporter « la consultation du périmètre d'études tel qu'il avait été présenté le 10 février 2009 », comme il était inscrit dans les conclusions de la réunion que Michèle Alliot-Marie avait eue avec Dominique Bussereau et Hubert du Mesnil, président de RFF.
Auteur : Jean-Pierre Deroudille
jp.deroudille@sudouest.com |
LGV : Actualité :
LGV : décision dans un mois (II)
Lire la partie (I)
Le plan "B" refait son apparition. On se souviendra du plan B de la constitution européenne devenue le traité de Lisbone et passé démocratiquement par dessus la consultation des français.
On peut être pour ou contre ce traité, mais intéressons nous plus à la méthode: Si le plan B est juste le passage en force du plan A il faut mieux être partie prenante du plan A que subir un Plan B.
Décidément il ne fait pas bon être opposant dans le pays des droits de l'homme.
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