À l'invitation de la mairie de Saint-Paul-lès-Dax, Réseau ferré de France a rencontré riverains et opposants au projet. Débat houleux.
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Responsables du projet dans les Landes, Philippe Lacroix et Daniel Coz ont tenté de répondre aux questions des riverains. photo philippe salvat |
Selon la terminologie de la maire Saint-Pauloise, c'était une réunion « semi-publique ». La semaine dernière, la municipalité avait invité les représentants de Réseau ferré de France (RFF) à venir exposer le projet de Ligne à grande vitesse aux riverains impactés par le fuseau. Une invitation étendue aux associations hostiles au projet. Et comme attendu, le débat a été houleux dans la salle Félix-Arnaudin, les participants remettant en cause le bien-fondé de la ligne qui va provoquer deux « saignées » dans le paysage saint-paulois, au nord via le tracé principal, et à l'ouest avec le raccordement à la gare de Dax (1). |
Étonnamment « zen » face à une assistance fébrile, les porte-parole de RFF ont tenté d'apporter des réponses, tandis que le maire Danielle Michel calmait le jeu : « Vous n'êtes pas là pour gueuler et manifester toute la rage que vous avez en vous. Ou alors criez et après on discutera avec les gens qui le souhaitent ! »
« Mensonger ! »
Selon Philippe Lacroix, responsable de la mission GPSO pour le Sud Landes et le Pays basque, « la construction d'une ligne nouvelle est la seule alternative. L'existante n'a pas la capacité de correspondre aux caractéristiques d'une LGV, même avec des améliorations. Cette nouvelle ligne prendra le relais de l'actuelle quand elle arrivera à saturation, et va permettre de développer un trafic de fret encore embryonnaire. »
Une nécessité que contestent les opposants, riverains ou non, et contre-arguments à l'appui : « Ce que vous dites est mensonger ! D'après une étude menée par les industriels du transport, le fret a diminué de 10 à 15 %. Et ce n'est pas avec une entreprise en grève en permanence comme la SNCF que cela va s'améliorer ! » Responsable du projet pour les Landes, Daniel Coz reconnaît que les chiffres présents ne sont pas mirifiques : « Oui, en 2009, le fret s'est effondré, oui la crise est passée par là. Cette ligne est un investissement sur l'avenir et comme tout investissement un pari. L'objectif est d'arriver à 20-25 % de fret ferroviaire avec l'Espagne, dont nous croyons au changement de culture en termes de transport. Cette ligne ne sera pas construite pour 50 ans mais pour trois siècles. »
« Qui va payer mon crédit ? » À l'échelle d'une vie humaine, la projection est plutôt difficile, et le pari déjà engagé sur le terrain, comme l'ont expliqué les gérants des deux campings saint-paulois compris dans le fuseau. « Des bruits courent parmi les curistes qui m'ont déjà dit qu'ils ne reviendraient pas puisque nous n'existerons plus, explique le propriétaire des Pins du soleil. Des clients ont déjà vendu leur mobil-home. Or j'ai fait un très, très gros crédit qui pour vous est sans doute "peanuts". Mais si j'ai une perte de clientèle, qui va me le payer ? La mairie ? Vous ? »
Même interrogation pour cette propriétaire qui a contracté un prêt relais pour construire une autre maison, en espérant bien vendre la sienne : « Aujourd'hui, avec ce projet, elle n'a plus de valeur. Et tout est gelé pendant cinq ans. Alors comment je fais ? Je dis quoi à mon banquier ? Les gens veulent savoir ce qui va se passer demain et pas dans 50 ans ou un siècle. »
Des administrés inquiets, qui sont allés poser des questions plus précises à la fin de la réunion, tandis que les plus farouches opposants déployaient des banderoles « Non à la LGV » dans la salle, et que les membres d'Attac émettaient le vœu que ce « très cher » projet soit déclaré au final « d'inutilité publique ».
(1) Le 22 décembre dernier, le Conseil municipal a voté une motion à l'unanimité exprimant ses inquiétudes face au tracé envisagé.
23 avril 2010 09h10 | Par emma saint-genez
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Vers « un tracé pressenti » comment RFF va passer d'un fuseau de 1 000 à 100 mètres
À la demande de Pascal Dussin, représentant la CCI des Landes lors de cette réunion, Daniel Coz a expliqué comment RFF allait passer d'un fuseau de 1 000 à 100 mètres.
Réponse : « Nous allons faire des investigations géotechniques, géographiques, écologiques et un relevé plus précis des bâtis qui permettront d'établir des cartes d'enjeux humains, naturels, physiques et patrimoniaux d'où se dégageront des zones d'évitement. Le cas des hameaux et de tout habitat collectif. Ces cartes sortiront au mois de septembre-octobre 2010 et seront soumises aux services de l'État, à la Région, au département, aux élus et aux représentants des associations. En janvier 2011, nous aurons un tracé pressenti, puis à l'été 2011 un tracé retenu. L'enquête publique sera ouverte en 2012, les bâtis acquis en 2014, après la déclaration d'utilité publique. Le chantier commencerait en 2015-2016 pour une ligne opérationnelle en 2020 ».
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