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« Les Béarnais ne veulent pas être les oubliés de la LGV (Photo archives TK) » |
La ligne à grande vitesse devrait voir le jour à l'horizon 2020. Un débat public concernant son tronçon sud, de Bordeaux à l'Espagne, est prévu en mars prochain dans le cadre des Grands projets du Sud-Ouest, rappelait en novembre dernier, Bruno de Monvallier, le directeur de Réseau ferré de France (RFF). Tout en précisant qu'un engagement a été pris pour améliorer la desserte ferroviaire vers le Béarn et la Bigorre.
Quelle desserte au juste ? Plusieurs scénarios sont évoqués. « Les principaux sont, d'une part, la création d'une ligne à grande vitesse nouvelle entre Mont-de-Marsan et Pau. D'autre part, la création d'un bout de ligne entre Dax et la voie existante qui relie Orthez et Pau », indique le patron de RFF. Avant d'insister sur le coût supplémentaire que représenterait l'option éventuellement retenue.
Les hypothèses :
Une voie nouvelle partant de la LGV entre Mont-de-Marsan et Dax rejoindrait ...
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«Illustration Sud Ouest» |
Le « shunt » de Dax
Une voie nouvelle partant de la LGV entre Mont-de-Marsan et Dax rejoindrait Orthez pour se brancher sur la ligne actuelle qui mène à Pau.
C'est le scénario A. Son coût est estimé par RFF entre 840 millions et 1,25 milliards d'euros. Le gain de temps pour se rendre à Bordeaux serait de 34 minutes pour les Palois. C'est le moins cher des quatre scénarios validés par le comité de pilotage.
La liaison directe
Une ligne nouvelle relierait Mont-de-Marsan à Pau. C'est le scénario B. C'est aussi la formule la plus rapide. Le gain de temps entre Pau et Bordeaux est estimé à 49 minutes. Des TER relieraient Orthez à Pau et à Dax. Quant au coût, il est évalué entre 1,14 milliard et 1,65 milliard d'euros. Ce scénario permettrait de séparer le trafic voyageurs du trafic fret qui s'effectuerait sur la ligne actuelle. La liaison directe et le shunt de Dax sont considérés comme les principales options pour l'étude d'un barreau béarno-bigourdan de la LGV.
Le « jumelage » A 65
Une ligne serait créée le long du tracé de l'autoroute Langon-Pau. Selon BAP, des difficultés techniques liées au relief et au rayon de courbure de la LGV ne manqueraient pas de se poser. Le coût serait élevé : entre 1,4 et 2 milliards d'euros. Pour un gain de temps de 40 minutes. C'est le scénario C.
Mont-de-Marsan/Tarbes
La ligne relierait les deux villes en évitant Pau. Gain de temps Pau-Bordeaux : 24 minutes. Coût : 1,2 à 1,9 milliard. C'est le scénario D.
Pau-Tarbes améliorée
Les scénarios A, B, C et D ne se conçoivent pas sans une amélioration de la ligne ferroviaire entre Pau et Tarbes. Coût : près de 700 000 euros.
Et la ligne actuelle ?
L'hypothèse consistant à faire passer la LGV par Orthez sur la ligne actuelle qui serait rénovée, est défendue par René Ricarrère, l'ancien maire de cette ville. Certains, comme l'association Béarn Adour Pyrénées, estiment qu'elle relève de l'immobilisme. « Cela met Pau à 260 kilomètres de Bordeaux », disent-ils. « La vocation d'une LGV est de relier des grandes villes entre elles, pas d'irriguer un territoire. Ça, c'est le rôle des TER, qui peuvent partir de Pau et de Dax pour relier Orthez. En permettant aux Orthéziens de bénéficier d'une double offre LGV à partir de ces deux gares. De plus, quels que soient les aménagements réalisés, la ligne actuelle ne peut pas voir les trains rouler à plus de 140 km/h, voire 100 km/h. »
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Isolés ou reliés ?
Quelques rappels succincts sont nécessaires pour y voir clair. Et faire le point sur les grandes lignes d'un dossier qui continue à nourrir le débat, qui demeure animé en Béarn.
L'état des lieux est le suivant : la ligne ferroviaire entre Pau et Bordeaux, via Facture, Morcenx, Puyoô et Orthez, fait actuellement 233 kilomètres de long. Elle exige un parcours de plus de deux heures.
Si aucun « barreau » ne relie Pau à la LGV, les habitants de cette ville se retrouveront à 260 kilomètres de Bordeaux. La raison de cet écart est simple. En venant de la capitale girondine, la ligne à grande vitesse passera par Captieux pour avoir un débouché vers Toulouse. Puis elle rejoindra Mont-de-Marsan, qui a été la grande oubliée du chemin de fer il y a cent ans. La ligne filera ensuite vers Dax et Bayonne. Exit Pau et sa région qui devront aller chercher la LGV à Dax
Les Béarnais et leurs voisins Bigourdans deviendront-ils « les oubliés du XXIe siècle ? » L'hypothèse est inconcevable. Selon eux, cet isolement serait catastrophique pour l'économie de la région. Qui plus est, il priverait Pau d'une porte rouverte un jour vers l'Espagne, via Canfranc. Reste à savoir pour quel « barreau » plaider. Or, les avis divergent, et le temps presse.