Mais si l'option orthézienne dispute la finale avec la ligne directe Mont-de-Marsan/Pau, elle ne partirait pas favorite pour autant : si l'on se réfère aux déclarations de Martine Lignières-Cassou, dans nos colonnes, hier, les collectivités d'Aquitaine et de Midi-Pyrénées qui composaient le comité de pilotage « ont voté pour la desserte de Pau la plus directe possible, celle qui passe par Mont-de-Marsan. » Un vote « à l'unanimité », dont se félicite la députée-maire de Pau. Le gain de 10 minutes qu'offre cette option directe, par rapport au tracé Dax-Orthez-Pau, semblerait donc avoir pesé dans le débat.
« Intox ou erreur »
Mais cette unanimité laisse quelque peu « perplexe » René Ricarrère, président de l'association LGV-Orthez-Oui. « Je suis très surpris, indique-t-il. Au pire c'est de l'intox de la part de ceux qui sont inquiets pour leur version, au mieux c'est une erreur. Les présidents des collectivités qui se sont exprimés n'ont pu parler qu'en leur nom : aucun n'était mandaté pour le faire, puisqu'aucune collectivité n'a aujourd'hui délibéré sur la desserte du Béarn et de la Bigorre, je suis formel. Il ne pouvait s'agir que d'un point de vue personnel. Je n'exclus pas d'appeler le préfet pour lui demander le compte rendu de ce comité de pilotage. »
Bernard Molères « ulcéré »
Selon une autre source, les membres du comité de pilotage n'auraient évoqué ni l'aspect environnemental du dossier, ni les dessertes des villes concernées, ni enfin le coût des deux scénarii en lice : l'un des principaux arguments de LGV-Orthez-Oui. Les dix minutes de trajet épargnées par la liaison Mont-de-Marsan/Pau coûteraient en effet 500 millions d'euros supplémentaires aux collectivités concernées.
Un argument en faveur d'une desserte par Orthez, encore brandi hier par le maire Bernard Molères, qui s'est dit « ulcéré » par « la prise de position de la députée-maire de Pau ». D'après lui, écarter Orthez du tracé LGV est « un non-sens économique : dépenser 500 millions de plus pour gagner 10 minutes de trajet, cela fait cher la minute ! »
L'option Mont-de-Marsan/Pau est aussi d'après lui, « un non-sens écologique. On va sacrifier les paysages en créant une ligne nouvelle, ce qui est incompréhensible à l'heure où l'on parle d'Agenda 2021. » Et de conclure : « Il est facile de tout déterminer en fonction d'une grande ville, sans penser à l'arrière-pays. Si la ville de Pau doit vivre, elle doit vivre avec Orthez, et avec son arrière-pays, qui doit se développer grâce à la LGV. »
Enfin, la prudence aurait une fois de plus présidé aux débats : lors du Copil, certains politiques se sont retranchés derrière le débat public qui va être lancé dans les mois à venir. La commission nationale du débat public doit en effet être saisie par le ministre d'État Jean-Louis Borloo. Tel est également le sentiment de Michel Labourdette, président de la Communauté de communes du canton d'Orthez, collectivité qui a voté dernièrement une motion pour soutenir « un scénario desservant Orthez et tout le Béarn. » « Il faut travailler pour trouver une solution qui rassemble tout le Béarn, répète Michel Labourdette. A présent, il faut attendre le débat public. »
Un débat à l'issue duquel le Conseil d'administration de RFF et le gouvernement, trancheront pour l'un ou l'autre des deux scénarii.
(1) Etaient réunis les Communautés d'agglomération de Pau-Pyrénées, de Tarbes, le Conseil général des Landes, des Hautes-Pyrénées, le Conseil régional d'Aquitaine représenté par Bernard Uthurry. Selon nos informations, le Conseil général des Pyrénées Atlantiques était représenté par un technicien.