Si le mot forêt n'a pas été prononcé, elle est pourtant bien la première concernée. En effet, dans l'état actuel du projet, elle serait traversée sur 282 kilomètres, sachant que chaque kilomètre en consomme 9 hectares. Une goutte d'eau à l'échelle du massif qui en fait 1 million, mais un problème pour la centaine de propriétaires impliqués.
Dialogue
Trois critères - fonctionnalité, économie, environnement - ont été pris en compte pour comparer et choisir entre les différents « fuseaux » préalablement établis. Mais pour le Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, il est clair que « la seule entrée a été le calcul de coût ». Guillaume Rielland étaye cet avis par le fait que « le prix de 40 kilomètres de traversée en forêt représente le prix de 1 kilomètre traversé en zone urbanisée ».
Frontalement opposé à la LGV au départ, le syndicat avait pourtant évolué. « À partir du moment où Jean-Louis Borloo a signé et donné vie au tracé, il est devenu difficile d'être contre. Nous avons dès lors privilégié le dialogue dans l'intérêt de nos adhérents et de la Défense forestière. C'est une position difficile à faire partager à la base. Mais on s'est dit que si l'on n'était pas dans le dialogue, il serait plus difficile d'obtenir des compensations », explique Éric Dumontet.
Variable d'ajustement
Or, dit-il, « on n'a pas du tout l'impression que nos observations ont été prises en compte, la concertation n'a rien donné ». Il avance deux exemples. « On avait proposé, pour limiter la déforestation, que la LGV colle au plus près l'autoroute A65.Nous avions proposé également de préserver les ouvrages de la DFCI, ainsi que les pépinières. Nous constatons que la LGV ne colle pas à l'A65 autant que cela nous paraissait souhaitable. »
S'agissant de la DFCI, il cite un « problème particulier » du côté de Xaintrailles, en Lot-et-Garonne. « Là, RFF a privilégié un élément de biodiversité du type papillon en ne tenant pas compte du risque incendie. Or, le schéma retenu provoque un vrai effet de coupure pour la gestion forestière et d'un point de vue hydraulique. » La preuve, selon Guillaume Rielland, que « le critère environnemental est une variable d'ajustement pour RFF ».
Quant à l'obligation inscrite dans la loi d'une compensation reboisement à l'hectare près sur une autre partie du territoire, elle relève davantage pour eux de l'opération de « green washing » que d'une politique forestière.
Le Syndicat des sylviculteurs n'entend pas baisser les bras pour autant : « D'ici à l'énoncé du tracé approfondi, il nous reste encore une petit marge de manœuvre. » Notamment pour dénoncer « le manque de coordination entre tous les projets qui traversent le massif forestier » et « se battre pour le rétablissement des points DFCI menacés ».