C'est donc la sixième fois que l'assemblée départementale se prononce sur cet importantissime dossier. Et ce n'est pas fini. Parce qu'elle sera de nouveau consultée en juin sur le projet de convention financière qui constituera un engagement juridique.
Surtout, elle aura eu des nouvelles entre-temps de ce qu'Henri Emmanuelli a toujours l'air de considérer comme une « clause suspensive » : la dette de l'État sur le financement de la déviation d'Aire-sur-l'Adour et de l'A65. Un peu plus de 5 millions d'euros, intérêts compris. « Nous sommes d'accord : nous votons ce protocole, mais nous ne signons que si nous touchons nos sous ! »
Des sous que les contribuables landais devront aussi débourser à d'autres niveaux : via les aides de la Région ou encore celles des communautés de communes ou d'agglomération : « 20 millions d'euros chacune pour ne parler que de celles du Grand Dax et du Marsan », souligne Gabriel Bellocq.
À croire que l'on n'a rien sans rien et que le jeu en vaut la chandelle : gare de Dax modernisée pour les TGV du Sud, avec correspondances pour les Services régionaux à grande vitesse (SRGV) ; Mont-de-Marsan enfin desservie par une gare TGV, connectée à l'actuelle pour TER et SRGV également et même positionnée de façon à permettre un départ vers le Béarn et Pau, au plus près de l'A65, comme demandé par les Landais...
Une halte SRGV est aussi dans le projet au sud, à la limite des communautés de Macs et du Grand Dax, et même une autre « réservée » à Tartas. Avec cela et malgré le coût échelonné sur une bonne dizaine d'années, il fallait bien en passer par là. Pour que le chemin de fer passe enfin par les Landes...
Ambiance décontractée, hier après-midi, en cette fin de session budgétaire. Où l'on digresse sur le derby à venir ; où l'on taquine la droite à propos du championnat de France de vaches sans corde - « Il faudra y inviter le gouvernement » - ; où Henri Emmanuelli se « les sert lui-même », quand il est question de fibre optique et de réseau très haut débit : « Ça va à la vitesse de la lumière ? À la vitesse Emmanuelli ! »
Beaucoup plus sérieusement, le matin, la question du contournement est de Dax dont les travaux sont retardés n'avait fait rire personne. En cause ? La procédure. Avec une déclaration d'utilité publique datée de juillet 2008, un dossier pour répondre aux normes déposé en juillet 2009, un accusé de réception dudit dossier de la préfecture reçu en février 2010... et entre-temps, la création de l'autorité environnementale qui impose une nouvelle réglementation et oblige une partie du dossier, ficelé, à être revue ! « Je confirme que les crédits sont votés et que notre volonté est d'aller vite », argumente alors le président, « la seule chose qui manque, c'est l'autorisation administrative. Et nous avons plusieurs dossiers bloqués de la sorte... »
L'humeur badine a donc été furtive, même si le vote final du budget (432 millions d'euros pour mémoire) a valu à l'opposition, qui s'est abstenue, de provoquer quelques sourires : « Considérez notre abstention comme un quitus direct », a même souligné Michel Herrero, au nom de son « groupe » (avec Alain Dudon et Pierre Dufourcq)...
Auparavant, personne n'a souri en écoutant la présentation par Dominique Coutière de la nouvelle fiscalité « d'après réforme » : la partie du « levier fiscal » que constituait la taxe professionnelle devra en effet être compensée dans ce budget par les trois taxes aux particuliers. Bilan, pour la première fois depuis 2006 (après trois années pleines de gel), le taux des trois taxes doit être augmenté de 3,9 %. Dans le détail, la taxe d'habitation passe de 7,76 % à 8,06 % ; le foncier bâti de 8,73 % à 9,07 % et le foncier non bâti de 23,74 % à 24,66 %. Commentaire d'Henri Emmanuelli : « On avait envisagé 5 % de hausse, c'est 3,9 % au final. La conjoncture ne s'y prête pas, on le sait, mais c'est ça ou renoncer aux investissements. » Et ce n'est pas le genre landais...