L'élément déclencheur décisif a été en fait la tempête Klaus de janvier dernier, qui a fait prendre conscience de la réalité du terrain. « Durant quinze jours, raconte l'élue, je me suis rendu compte des souffrances et de la détresse humaine qui existent aussi en milieu rural. Il y a beaucoup de personnes isolées et dans le besoin, on n'imaginait pas à quel point, dans notre Gabardan. »
Déjà une vingtaine d'inscrits
Au relais des Restos de Gabarret, qui a fait son ouverture ce mercredi (1), il y a déjà une vingtaine d'inscrits. Mais peu de témoignages spontanés. À la campagne, la discrétion est de mise. Ceux qui sont isolés et en détresse ne veulent pas trop le dire, par pudeur et aussi pour éviter les commentaires. Ce sont des personnes âgées, souvent des femmes seules (mais il y a aussi des hommes), dont la retraite est trop petite. Quand le chauffage et les abonnements sont payés, il faut faire appel à la maigre épargne pour remplir le frigo. Et lorsque l'épargne a fondu, que la famille est loin, ou alors encore plus démunie, on préfère se taire.
Mais il y a aussi des femmes seules, avec des enfants en bas âge, dont la situation est encore plus difficile. Quand les réserves ont fondu, qu'il n'y a plus de droits au chômage, c'est le réseau de proximité qui joue, les assistances sociales qui renseignent, et le relais prend sa place.
« Les restos, confie Cathy, une des bénévoles, c'est pour distribuer des repas, mais aussi un lieu de rencontre, d'accompagnement. Cela permet aux familles qui n'ont pas l'habitude de voir si elles peuvent bénéficier des aides sociales, même si celles-ci sont dérisoires. »
« Pour couper un peu la solitude, confie Géraldine, nouvelle inscrite. Une fois par semaine, on sort de chez soi, on rencontre d'autres personnes pour parler d'autre chose. J'ai vu des affiches au village, alors je suis venue m'inscrire. Les repas cela dépanne, j'ai eu un colis provisoire, en attendant de savoir si je remplis tous les critères pour y avoir droit. »
Parce que la machine est très encadrée, les bénéficiaires doivent remplir des conditions strictes, pour éviter les abus. Et les aides sont limitées à 8 repas par semaine pour une personne seule, à 6 par personne pour la même famille.
Pour l'instant, les 22 bénévoles de Gabarret sont suffisants pour remplir la tâche, ils peuvent donc dédoubler les équipes. Et malgré le RSA, qui parfois rend la situation encore plus difficile, ils craignent bien que les inscriptions augmentent dans les semaines à venir. Mais ils sont prêts à donner ce qu'ils ont de mieux, de la chaleur et du réconfort.
(1) Le relais ouvre tous les mercredis après-midi, de 14 heures à 17 heures.