La hausse des prix des produits alimentaires va encourager une hausse de l'offre agricole, mais dans les deux prochaines années "il pourrait aussi y avoir un grand nombre de troubles, les gouvernements pourraient tomber et les sociétés basculer dans le désordre", a affirmé le président de la banque mondiale.
La flambée des prix parmi les causes de troubles au Moyen-Orient
"Nous devons être très sensibles à ce qui se passe en termes de prix alimentaires et sur les effets potentiels qu'ils peuvent avoir sur la stabilité politique", a ajouté le président de la Banque mondiale, lors d'une conférence téléphonique avec quelques journalistes.
La hausse continue des prix des denrées alimentaires, nourrie par la flambée des cours des matières premières agricoles, est une des causes des bouleversements en cours au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
La communauté internationale doit se tenir prête à réagir rapidement pour aider des pays comme la Tunisie, où le président Zine El Abidine Ben Ali a été renversé après une révolte populaire, qui a donné le coup d'envoi d'autres mouvements de protestation à travers tout le Moyen-Orient et le Maghreb.
1,2 milliard de personnes sous le seuil de l'extrême pauvreté
La hausse des prix alimentaires a fait tomber entre juin et décembre 44 millions de personnes dans le monde sous le seuil de l'extrême pauvreté, selon la Banque mondiale.
L'institution a réalisé cette estimation grâce à des statistiques sur les revenus et dépenses des ménages réalisées dans les pays à revenus bas à moyens. Le seuil de l'extrême pauvreté est défini par des dépenses de 1,25 dollar par jour et par personne. D'après les dernières estimations en date de la Banque mondiale, 1,2 milliard de personnes dans le monde sont sous ce seuil.
"Les prix de l'alimentation continuent à augmenter dans le monde. L'indice des prix alimentaires de la Banque mondiale a augmenté de 15% entre octobre 2010 et janvier 2011, et n'est que 3% en dessous de son pic de 2008", a indiqué l'institution dans un communiqué.
"Les pressions inflationnistes provoquées par les prix du pétrole, de l'énergie et des matières premières doivent être prises au sérieux", a affirmé de son côté le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, lors d'une conférence de presse, à l'issue du G20 Finances.
Le G20 et la France concernés dans leur action
Le président de la banque mondiale a également assuré que les ministres du G20 s'étaient montrés réceptifs à son discours et que ce groupe de pays industrialisés et émergents était prêt à agir. "Le meilleur moyen de contrer les critiques de ceux qui disent que le G20 n'est qu'un forum de discussions est de lancer de véritables actions, et des actions en faveur des plus démunis est ce qu'on peut faire de mieux", a-t-il déclaré.
La France, qui préside actuellement le G20, a fait de la sécurité alimentaire et de la réduction de la volatilité des prix alimentaires une de ses priorités.