Alors que le numéro un mondial des panneaux va investir en Gironde, les projets de fermes solaires pullulent dans la région.
Le chantier devrait débuter en septembre 2010, la production en 2012. Le contrat-cadre de cette opération a été signé hier entre le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Espace rural, Michel Mercier, les collectivités locales qui apportent leur contribution et le président de First Solar, Bruce Sohn. Ces deux opérations témoignent de l'ampleur de la fièvre solaire qui se manifeste dans l'Hexagone, et notamment en Aquitaine.
Incitations juteuses
Plus encore que l'éolien, le photovoltaïque était longtemps resté en France dans une situation de marginalité absolue, du fait de son coût et de la prépondérance du nucléaire. Mais la conférence de Kyoto, les directives européennes, les baisses de coûts progressives et le Grenelle de l'environnement ont changé la donne. Le ministre de l'Écologie, Jean-Louis Borloo, a fixé pour objectif en 2020 un potentiel installé de 5 400 mégawatts, soit moins que la somme des puissances installées des centrales nucléaires de Golfech et de Braud-et-Saint-Louis, mais infiniment plus que les quelques dizaines de mégawatts aujourd'hui en service.
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Une moitié ou plus de ce potentiel pourrait provenir des modules installés sur les toitures des maisons et des locaux professionnels (hangars agricoles, parkings), bénéficiant à ce jour au moins d'incitations juteuses (prix de rachat garanti sur vingt ans, crédit d'impôt, etc.). Mais une bonne partie de ce courant solaire devrait être fournie par des « fermes » regroupant des panneaux au sol. |
Dans cette perspective, la forêt des Landes de Gascogne fait l'objet d'une sollicitude nourrie. Car si elle n'est pas la zone la plus chaude de France, elle n'est pas non plus la plus froide. Surtout, l'espace y est vaste et peu cher. Et, après les ravages de la tempête Klaus, le photovoltaïque apparaît, à tort ou à raison, comme une bouée de sauvetage.
Le massif a donc été prospecté en long et large par des opérateurs divers. Le plus puissant d'entre eux est EDF Énergies nouvelles. La filiale du géant français se taille la part du lion dans les projets aujourd'hui en cours de réalisation (Losse) ou de gestation (Saint-Symphorien, Cestas, etc.). La Compagnie du Vent, filiale de GDF-Suez, fait aussi partie des visiteurs du massif, au même titre que de plus petites entreprises comme Eosol ou Solarezo.
Dans ce domaine, la discrétion est souvent de mise : parfois placés en concurrence, les communes et les propriétaires n'ont pas forcément envie de voir partir la poule aux oeufs d'or (les locations de surfaces) chez le voisin. « Le photovoltaïque est parfois devenu une obsession », constate Philippe Sartre, maire de Garein (Landes) et président de la commission urbanisme du Parc naturel des Landes de Gascogne, qui s'efforce de faire respecter le très riche patrimoine environnemental du massif.
La fièvre qui a frappé la région était sans doute d'autant plus forte que le paysage institutionnel et économique était plutôt favorable aux porteurs de projet. D'une part, EDF s'est engagée à racheter l'électricité produite sur une durée de vingt ans pour les opérations démarrant en ce moment ; d'autre part, le cadre juridique était moins contraignant qu'il n'est en train de le devenir, même si le Code forestier imposait déjà de replanter dans la région ou ailleurs l'équivalent des surfaces déboisées.
L'État vigilant
Mais les choses changent, du fait de la publication d'un décret très récent et de l'attention croissante apportée à ces dossiers par la puissance publique. Désormais, une enquête publique est nécessaire. Et les services de l'État, auquel il incombe de délivrer les permis, affichent leur volonté de préserver le caractère sylvicole et agricole du massif et de ses pourtours, en privilégiant les projets installés sur des terrains déjà « artificialisés » (friches industrielles et commerciales, sols pollués, exemple. Elf-Total à Laquy).
Cette position risque de ne pas faire bondir de joie certains opérateurs du solaire, pour lesquels l'installation de quelques milliers d'hectares dans un massif qui en compte 1 million suffirait à atteindre une part significative des objectifs de la France dans ce domaine. Sur le plan juridique, le front photovoltaïque pourrait bien se réchauffer.
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Actualité :
Coup de solaire sur le Sud-Ouest
0,98 dollar par watt : l'américain First Solar, 4e producteur mondial de cellules solaires en 2008, a annoncé avoir réussi à passer sous la barre de 1 dollar par watt, un objectif convoité par l'industrie solaire depuis 20 ans.
Le groupe, qui fait produire l'essentiel de ses cellules à couche minces en Malaisie, a réduit ce coût du tiers par rapport aux 3 dollars par watt de 2004 et assure pouvoir descendre 65 à 75 cents par watt en 2012, selon le PDG Mike Ahearn.
Fort d'une capacité de production qui a atteint 500 MW par an fin 2008, il vise une capacité doublée à 1 GW en 2009, le niveau déjà atteint par ses rivaux Suntech et Q-Cells.
A 0,98 dollar par watt, le prix de l'électricité solaire s'approche de celui des énergies fossiles. Voici le calcul :
Imaginons une installation solaire classique en France : sur un toit de maison, 25 m2 de panneaux solaires, soit 2,5 kw. En moyenne en France (ensoleillement de 1.000 heures par an), ils fourniront environ 2.500 kWh par an, (de quoi alimenter la maison en électricité hors chauffage).
Avec un panneau à 1 dollar (disons 1 euro) par watt, le cout d'installation d'une telle installation (généralement le double du coût des panneaux) serait de 10.000 euros (contre 25.000 euros actuellement).
Comme les panneaux produisent pendant 25 ans garantis, et sans frais additionnels, cela correspondrait à 2500 kwh x 25 soit 62.500 kWh pour 5.000 euros. Soit 16 centimes par kWh. Quasiment 150% du prix que vous payez chez EDF (base 11 centimes actuellement). CQFD
article Extrait de GreenUnivers.com
Coup de soleil sur le coût du solaire
Réchauffement climatique dans les relations entre l'état EDF et les porteurs de projets. Il apparaissait comme évident qu'EDF ne paierait pas cinq fois plus cher le solaire que le nucléaire.
Donc pour mettre un frein immédiat à la course aux dépenses inconsidérées d'EDF dans des contrats à pertes l'état veut passer par des autorisations ...
Après le flop de Copenhague, l'absence de décision et d'objectif chiffré va mettre un arrêt supplémentaire à tout ces projets. Il va bien falloir que les entreprises arrêtent de se servir des deniers publics pour être rentables.
Après les cadeaux fiscaux, le renflouement des banques, le doublement du salaire du directeur d'EDF, la suppression de la taxe professionnelle, les allégements de charges dans le transport par la route : il n'est pas nécessaire d'être comptable pour comprendre que les caisses sont vides.
Si l'état continue de payer cinq fois plus cher l'électricité photovoltaïque en privant les communes des recettes des installations éoliennes c'est la faillite ou la banqueroute qui nous attend.
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