Les tarifs réglementés de l'électricité pour les particuliers (tarifs bleus) sont actuellement fixés à 93,1 euros par mégawattheure (MWh), hors taxes. Une hausse de la CSPE de 3 euros/MWh correspondrait donc à une augmentation de la facture de plus de 3% pour les ménages.
"On ne peut pas vouloir le développement des énergies renouvelables et ne pas en assumer le coût", a défendu lundi le député UMP du Lot-et-Garonne Michel Diefenbacher, auteur de l'amendement.
L'association de défense des consommateurs UFC Que Choisir s'est au contraire dite "sidérée". "C'est un très mauvais signe. C'est une hausse énorme après celle du mois d'août", a réagi Caroline Keller, chargée de mission à l'UFC.
Le 15 août dernier, les tarifs avaient déjà été augmentés de 3% pour les ménages et de 4 à 5,5% pour les entreprises. Pour les ménages, cette hausse était la plus forte depuis juillet 2003.
Si une nouvelle hausse intervient en janvier, les prix auront alors augmenté au total de plus de 6% en six mois, une situation inédite depuis le début des années 80.
"On n'a jamais vu ça depuis la construction du parc nucléaire", estime Caroline Keller.
Cette hausse des tarifs ne devrait d'ailleurs pas être la dernière.
Dans une délibération encore tenue secrète, la CRE propose en effet de porter la CSPE à près de 13 euros/MWh en 2011, soit un quasi-triplement par rapport à son niveau actuel (4,5 euros/MWh), a-t-on appris de source proche du dossier, confirmant une information du magazine Enerpresse.
Pour atteindre ce niveau, la facture d'électricité devrait donc augmenter de près de 9% sur les trois prochaines années.
Raison à cela: l'engouement pour l'énergie solaire, parfois qualifiée de "bulle spéculative". La puissance du parc de panneaux solaires français a en effet été multipliée par 10 en deux ans.
Or, afin de soutenir les énergies vertes encore peu compétitives, EDF est obligée de racheter l'électricité produite par des panneaux solaires à un tarif jusqu'à 10 fois plus élevé que son prix sur les marchés de gros.
Le groupe d'électricité accuse ainsi un surcoût, qui est censé lui être remboursé via la CSPE. Mais, alors qu'EDF doit acheter de plus en plus d'électricité solaire, le niveau de la CSPE n'a pas bougé depuis 2004.
EDF accuse ainsi un déficit de 1,6 milliard d'euros dans ses comptes fin 2009, qui pourrait atteindre 2,75 milliards d'euros fin 2010.
"EDF ne peut pas porter des centaines et des centaines de millions d'euros", a estimé lundi le ministre du Budget, François Baroin, jugeant "tout à fait normal" que les consommateurs financent le développement de l'énergie solaire.
"Toute hausse tarifaire pour EDF est aussi une hausse des dividendes pour l'Etat-actionnaire", souligne pour sa part Caroline Keller.
Le groupe d'électricité distribue plus de 2 milliards d'euros de dividendes chaque année à ses actionnaires, dont l'Etat à 85%.