Certains vous ont soupçonnés d'être des profiteurs de Klaus…
(Sourire) La tempête de 2009 a mis 30 % de la forêt par terre, nous utiliserons au maximum un peu plus de 1 % de ces surfaces détruites, soit 0,4 % du massif forestier landais. En outre, pour chaque hectare que nous utilisons, nous nous sommes engagés, avec l'aide des forestiers, à replanter l'équivalent ailleurs, avant la mise en service de la centrale.
Comment choisissez-vous vos sites d'implantation ?
Plusieurs conditions sont nécessaires. Ils doivent être en dehors des zones réputées sensibles type Natura 2000 par exemple, sur des zones tempêtées entre 60 et 100 %, avec l'accord de principe des propriétaires et des communes ou communautés de communes concernées. Enfin, il faut pouvoir évacuer facilement la production des centrales sur le réseau électrique existant. Quand tous ces paramètres sont réunis, on fait appel à des environnementalistes pour établir un prédiagnostic en termes de faune et de flore, ce en quoi nous contribuons de manière approfondie à une meilleure connaissance du massif. Si leur réponse est positive, on lance alors une étude d'impact détaillée : elle va nous permettre de définir le périmètre du projet dans les zones peu sensibles et préciser les mesures compensatoires à mettre en place, comme par exemple recréer des friches naturelles pour la nidification des oiseaux.
Il faut combien de temps entre l'idée et la réalisation d'un projet ?
Au moins deux ans, plus souvent trois ans comme cela a été le cas pour le Gabardan. Il faut passer par une multitude d'étapes légales et incontournables, révision du Plan local d'urbanisme (PLU), permis de construire, autorisation de défrichement, loi sur l'eau… C'est presque aussi lourd que pour une centrale nucléaire (sur le ton de la boutade).
La centrale du Gabardan est le plus ambitieux de vos projets landais…
C'est un projet d'environ 200 millions d'euros sur 300 hectares. À terme, il aura une puissance de 67 mégawatts (MWc) et sera capable de produire une énergie équivalente à la consommation électrique annuelle de 40 000 personnes. En pointe, il alimentera jusqu'à 150 000 personnes l'été, en période de fort ensoleillement.
La centrale a commencé à produire…
Depuis juin 2010, une première tranche fournit 2 MWc à partir de trackers, des panneaux qui suivent le soleil comme des tournesols et permettent de récupérer 25 % d'énergie supplémentaire. Deux tranches de 12 MWc ont également été mises en service et une troisième est en cours de test. La centrale fonctionnera à plein au premier trimestre 2011.
In fine, l'objectif est de parvenir à créer une filière française performante. De quelle manière ?
Le solaire est inéluctable, c'est une technologie avec un grand avenir pour deux raisons majeures : le réchauffement climatique et l'épuisement des ressources fossiles. La France qui longtemps a donné une priorité absolue au nucléaire prend conscience qu'elle a une carte à jouer. Nous participons à plusieurs programmes de recherche et de développement importants, avec des laboratoires de pointe reconnus et des industriels, français et américains. Le deuxième volet est l'industrialisation et la création d'emplois. Économiquement, le double objectif est de faire baisser le coût des panneaux et d'accroître leurs performances. De faire du solaire une énergie compétitive par rapport à l'électricité conventionnelle.
Pour y parvenir, vous travaillez avec des start-up de pointe…
Oui, en Aquitaine avec Exosun, une petite société girondine qui fabrique les trackers et travaille à leur évolution. Par ailleurs, nous avons convaincu l'Américain First Solar de s'installer en France ; il va construire une usine à Blanquefort avec 400 emplois à la clé. Leur usine, que nous cofinançons, devrait produire ses premiers panneaux dans un an. Elle fabriquera pour nos centrales les panneaux nouvelle génération dits à couche mince. C'est un saut technologique énorme dans le composant clé, celui qui coûte le plus cher, la cellule solaire proprement dite : c'est elle qui transforme l'énergie des photons de la lumière en électricité. Les couches minces permettent de faire cette transformation avec très peu de matière.
Vous avez également des sous-traitants dans les Landes…
Pour soutenir les panneaux, des unités de fabrication vont se monter à Sore et à Herré afin de fournir les structures métalliques et les poutres en pin des Landes. Dans les deux cas, c'est à peu près 40 emplois. Je ne parle pas là de la vingtaine d'entreprises, soit 150 à 200 personnes, qui ont participé à la construction de la centrale du Gabardan ou de la création d'un centre régional de maintenance à Losse. Et puis entre les loyers et les taxes, ces dernières représentant environ 10 000 euros par an pour 1 MWc installé, les collectivités sont également gagnantes.
Vous avez d'autres projets dans les Landes, quels sont-ils ?
On a une vingtaine de projets de quelques MWc à quelques dizaines de MWc. Ils sont en phase de criblage et ils évoluent tous les jours en fonction du résultat des études environnementales.
Combien aboutiront ? Je ne sais pas. Peut-être 30 %, peut-être 50 %, j'espère davantage. Nous ne nous sommes pas fixés d'objectifs de production. Ce que je peux officialiser, c'est notre projet de centrale de 28 MWc à Sore.
Quelle est la durée de vie de ces centrales ?
Entre 20 et 25 ans. Le recyclage des panneaux est d'ailleurs prévu et même déjà payé avant la construction de la centrale. Et à la fin de l'exploitation, nous pourrons remettre facilement en état et replanter le site pour qu'il retrouve sa vocation initiale.
(Grimace). C'est un pavé dans la mare. Je ne peux rien dire sur le sujet, il faut se tourner vers la communication d'EDF.