L'avenir du solaire perd en éclat. À l'image du Parc expo de Bordeaux, de grands projets sont revus à la baisse, et les industriels font grise mine.
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Installation d'une centrale photovoltaïque au Barp (33). Photo Fabien Cottereau |
Le photovoltaïque...
Sur le papier, ce mode de production d'électricité de substitution avait tout pour plaire. Il utilise une énergie renouvelable, le soleil, répond aux besoins des particuliers et offre des débouchés aux industriels dans la région. Il fonctionne sans bruit ni fumée et n'est pas aussi encombrant qu'un parc éolien. Mais comme souvent, lorsqu'il s'agit de procédés alternatifs d'avant-garde, le principal obstacle est d'ordre financier. |
Ainsi, le projet de la ville de Bordeaux d'équiper le toit du parking du Parc des expositions de panneaux photovoltaïques a-t-il connu maints soubresauts. Ce projet, initialement de 95 000 m2 d'ombrières, a été longtemps le plus ambitieux de France. Après quelques éclipses, il est revenu dans la lumière sous une forme plus ramassée. Il était au menu du Conseil municipal début mars et le premier magistrat de la ville a tenu à rappeler que ce dossier allait bientôt passer à la phase de réalisation.
Rachat
Pour réellement amorcer la pompe et favoriser l'avènement de l'ère photovoltaïque, l'État a dû s'engager, via EDF et... les contribuables, à racheter aux particuliers les kilowatts-heure produits à 0,60 €, et à 0,42 € aux professionnels. En quelques mois, les projets industriels d'implantation de champs de panneaux voltaïques (fermes solaires) sont arrivés par dizaines sur le bureau des préfets, pour validation.
Cœur de cible
L'Aquitaine, et plus spécialement le département des Landes, se sont retrouvés cœur de cible. Devant cet afflux, l'État a pris la décision de baisser de façon sensible le prix de rachat de l'énergie produite. La chute en cascade aboutit aujourd'hui à ce que le kilowatt-heure soit payé 0,46 € aux particuliers (équipés de systèmes résidentiels intégrés au bâti) et 0,12 € pour l'énergie photovoltaïque produite de façon industrielle.
D'où les interrogations de certaines entreprises de la région concernant cette activité : c'est le cas de Solarezo à Pontonx-sur-l'Adour (40), de Fonroche à Roquefort (47), ou encore d'Exosun à Martillac (33). Par ailleurs, le projet de création par l'Américain First Solar d'une usine pouvant générer 400 emplois à Blanquefort (33) paraît pour le moins compromis. F. L.
31 mars 2011 06h00 |
Actualité :
Energie photovoltaïque : éclipse ou zénith ?
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L'État signe-t-il l'arrêt de mort du secteur photovoltaïque ?
Depuis aujourd'hui, le prix d'achat de l'électricité solaire est réduit de 20% par rapport à celui en vigueur en septembre 2010. Cette mesure fait partie des deux arrêtés publiés samedi dans le Journal Officiel. Pour la majorité des industriels travaillant dans le secteur photovoltaïque, ces nouvelles mesures signent la mise à mort de leur activité.
Que dit cette nouvelle réglementation ?
Cette nouvelle réglementation entraine plusieurs modifications majeures et notamment celle concernant le rachat de l'électricité solaire par EDF. En effet, désormais, seuls les particuliers pourront vendre à EDF leur surplus d'électricité. Plus concrètement, les structures de plus de 100 kWc, comme les centrales au sol, devront désormais passer par des appels d'offres pour espérer vendre leur énergie. De plus, les prix de rachat de l'électricité solaire seront réduits de 20% par rapport au prix du mois de septembre 2010 et sera également ajusté tous les trimestres. Enfin, ces arrêtés ont pour ambition d'améliorer la qualité industrielle et environnementale des projets photovoltaïques. Cette amélioration se traduira par exemple par l'obligation de recycler et de démanteler les panneaux ne fonctionnant plus efficacement à partir du 1er janvier 2012.
Les raisons de cette nouvelle réglementation
Tout comme la prime à la casse avant lui, le secteur du photovoltaïque est victime de son succès. Encouragé par l'enthousiasme général mais surtout par des tarifs de rachats qui lui furent très favorables, l'énergie solaire a bénéficié d'une expansion très rapide. Or, cette popularité fait aujourd'hui craindre au gouvernement la formation d'une bulle spéculative. De plus, la ministre de l'environnement Nathalie Kosciusko-Morizet avait également pointé du doigt le manque de fiabilité d'une partie du secteur, parasité par des panneaux importés de Chine. Avec cette réforme, le gouvernement souhaite endiguer le phénomène des poseurs de panneaux importés pour permettre le développement d'une véritable filière de production de panneaux.
Le secteur photovoltaïque en sursis ?
La majeure inquiétude des travailleurs du secteur photovoltaïque est de voir un grand nombre des entreprises créées ces dernières années déposer le bilan. En effet, cette chute brutale du prix de rachat de l'énergie solaire représente un véritable manque à gagner pour les entrepreneurs. Selon le Syndicat des énergies renouvelables, ce sont plus de 25 000 emplois qui sont menacés par cette baisse du prix de rachat. Le risque est alors que les installateurs continuent d'importer les panneaux solaires en privilégiant des modèles encore moins chers. Pour les industriels, il sera alors très dur pour la France de devenir une filière compétitive sur le marché européen et pour les particuliers de garder confiance dans le secteur de l'énergie solaire...En bref, tout le contraire de ce que souhaite le gouvernement...
Charlène LAFONT |