Le gouvernement, qui a déjà réduit à deux reprises cette année le prix de rachat du kWh, affirme vouloir tirer profit de cette période pour opérer une mise à plat. Matignon fait valoir qu'une bulle s'est constituée. D'où l'idée de mettre en place une concertation avec les professionnels pour ne pas dépasser, en principe, une puissance annuelle installée cumulée de 500 MW. À titre de comparaison, c'est moins de 15 % de celle de la centrale nucléaire du Blayais.
Coup de frein brutal
Ce coup d'arrêt, venant après de fortes incitations, suscite pour le moins des mouvements divers. Jean-Yves Grandidier, PDG de l'entreprise béglaise Valorem, se demande « s'il y a un pilote dans l'avion ». Yann Maus, patron de l'entreprise lot-et-garonnaise Fonroche (assemblage de panneaux solaires et installations), affirme que cinq industriels français ont annulé hier en catastrophe des projets d'augmentation de production. Sébastien Léopold, PDG de Sunnco (installation de petites et grandes toitures), affirme ne pas se faire de souci sur l'avenir de l'entreprise, mais craindre que beaucoup d'acteurs ne résistent pas à ce coup de frein brutal. De son côté, Frédéric Conchy, PDG de la PME girondine Exosun, spécialisée entre autres dans les trackers (panneaux orientables), se réjouit que le gouvernement ait insisté sur la nécessité de renforcer la filière industrielle française. Mais il craint beaucoup que les retards ne pénalisent les mêmes industriels hexagonaux.
Chez l'américain First Solar, qui construit une grande usine de panneaux à Blanquefort, Brandon Mitchener, porte-parole pour l'Europe, reste prudent, en espérant que « le moratoire permettra une transition réussie vers une régulation efficace ». Mais il insiste sur l'impératif de « visibilité », indispensable aux industriels « pour déployer leur stratégie ». Une visibilité qu'il paraît en effet urgent de restaurer.