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GRIPPE A. La campagne de vaccination qui pourrait débuter à la mi-octobre divise Français et soignants
Extrait du Sud Ouest
La campagne de vaccination qui pourrait commencer à la mi-octobre si le vaccin était arrivé reste un OIMI (objet d'information mal identifié). Difficile pour l'instant de savoir où elle se déroulerait, qui y participerait et qui en bénéficierait. Cette absence d'informations claires explique les réticences qui se font jour, surtout chez les soignants, et les fantasmes qui courent sur le Net.
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1 Quels vaccins et quand ?
Roselyne Bachelot a passé commande de 94 millions de doses de vaccins pour un montant de 1 milliard d'euros auprès de Sanofi, GSK (GlaxoSmithKline) et Novartis : 28 millions de doses à Sanofi Pasteur, 50 millions à GSK et 16 millions à Novartis. L'OMS avait estimé en juillet que l'ensemble des grands laboratoires pourraient produire jusqu'à 94 millions de doses par semaine à partir de la mi-octobre. Or, il y a quelques jours, Margaret Chan, sa directrice générale, a revu ses prévisions à la baisse, les laboratoires expliquant que le rendement des souches du virus est inférieur à celui qui était attendu. Le magazine « Le Point » daté du 27 août assurait que la ministre de la Santé avait aussi passé des commandes au laboratoire américain Baxter. Une information que le ministère n'a ni confirmée ni infirmée. Selon l'Inserm, la vaccination sera efficace pour enrayer la pandémie à condition qu'elle soit administrée assez tôt. Roselyne Bachelot vient de déclarer : « Nous sommes à peu près dans les temps pour les autorisations de mise sur le marché. » La vaccination non obligatoire serait prévue dans la première quinzaine d'octobre.
2 Qui sera vacciné en priorité ?
Les recommandations du Haut Conseil de la santé publique, présidé par le Bordelais Roger Salamon, seront transmises à Roselyne Bachelot demain. Sans connaître la liste exacte, on peut y inscrire les personnels soignants et les personnes à risque. Roselyne Bachelot a d'ailleurs déclaré qu'elle « voulait donner la priorité au personnel de santé avant le personnel de sécurité ». Autrement dit, les infirmières avant les policiers. La ministre de la Santé avait déjà fourni une liste des populations prioritaires en juillet dernier : personnel de santé (2 millions), personnes chargées des secours et de la sécurité (1 million), personnes à risque dont les diabétiques, les insuffisants respiratoires, les asthmatiques, les cardiaques (2,4 millions), les femmes enceintes (800 000), les enfants de moins de 1 an (800 0000), les jeunes de moins de 18 ans (14,5 millions).
Aux États-Unis, la priorité recommandée est un peu différente : personnel de santé, femmes enceintes, personnel en contact avec des enfants de moins de 6 mois, personnes entre 6 mois et 24 ans, et personnes entre 25 et 64 ans présentant des facteurs de risques.
Un nouvel élément est récemment apparu en tant que facteur de risque : le surpoids. Une équipe clinique d'un grand hôpital du Michigan travaille sur la dizaine de cas de patients atteints d'un syndrome respiratoire grave (la moitié sont décédés) et ont établi un lien entre complications de la grippe A et surpoids. Le même constat ayant été fait sur les deux derniers cas de patients hospitalisés cet été au CHU de Bordeaux, une équipe y travaille aussi ici. Mais le service de communication du CHU interdit aux professeurs de médecine de communiquer sur le sujet.
3 Pourquoi des réticences à la vaccination ?
Un certain nombre de médecins - en particulier des homéopathes - font état, avec discrétion néanmoins, de leurs réticences à conseiller la vaccination généralisée. Le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) a, lui, lancé un pavé dans la mare en mettant le doigt sur les inconnues du vaccin.
Thierry Amouroux, son secrétaire général, craint une répétition des complications rencontrées aux États-Unis lors de la vaccination massive en 1976 contre la grippe porcine qui avait fait un mort dans une base militaire. « 47 millions d'Américains ont été vaccinés, rappelle-t-il, Gerald Ford devant les caméras de télévision en tête. 4 000 d'entre eux ont développé une maladie neurologique. Beaucoup restant paralysés à vie. » Le secrétaire général exige donc que les Français qui seront candidats à la vaccination soient réellement informés et puissent signer un formulaire de « consentement éclairé ». Il met notamment en cause la présence dans le vaccin d'un adjuvant. On ajoute en effet des adjuvants à de nombreux vaccins pour renforcer leur immunogénicité et leur efficacité.
C'est le cas des sels d'aluminium, mais aussi du squalène, que le journaliste américain Gary Matsumoto rend responsable des maladies contractées par les GI durant la guerre du Golfe. Michèle Rivasi, professeur de biologie et eurodéputée (Europe Écologie), attend toujours, dit-elle, une réponse de Mme Bachelot sur le contenu des vaccins. Elle estime que « les risques éventuels de la vaccination semblent avoir été ignorés ».
Thierry Amouroux se félicite d'ailleurs que la ministre de la Santé ait accepté de commander un certain nombre de vaccins sans adjuvants pour les personnes à risque. « Reste, avance-t-il, que sur le plan éthique, je suis gêné qu'il puisse y avoir deux types de vaccins, un à risque et l'autre non. »
Le secrétaire général du SNPI met aussi en cause la façon dont ce vaccin serait administré. « Nous sommes scandalisés, dit-il, par les conditions de vaccination notifiées par la circulaire du 21 août 2009 signée par Brice Hortefeux. La fiche sur le fonctionnement interne des centres de vaccination stipule un quota de 30 injections par heure par l'agent vaccinateur. Une piqûre toutes les deux minutes. Les Français ne sont pas du bétail. »
Et de dénoncer « le discours alarmiste d'une campagne de publicité plutôt que le choix d'un ton éducatif ». L'infirmier poursuit : « On veut réduire cela à un simple acte technique, mais les infirmières soignent des personnes, qui doivent être traitées en citoyens. »
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