Une chose sûre, le couple de Pouydesseaux avait rejoint la maternité dans la nuit de samedi à dimanche pour ce qui devait être « un événement heureux ». La grossesse s'était déroulée parfaitement. L'accouchement s'annonçait bien puisque le col de l'utérus de Laëtitia s'était ouvert normalement et son bassin était suffisamment large pour donner la vie au petit Bastien. Pourtant, après plus de six longues et douloureuses heures de travail infructueuses et alors que Laëtitia « souffrait le martyr », une ultime tentative d'extraction du nourrisson à l'aide de forceps avait été préférée à l'option de la césarienne.
Prévisible ou non, la déchirure de son utérus a alors précipité les choses. Laëtitia a vomi. Sa tension a chuté d'un coup et le duo mère-enfant a été déplacé d'urgence au bloc opératoire. Bastien est finalement venu au monde dans un état de mort apparente et a été rapidement transféré au centre hospitalier de Bordeaux. Compte tenu des souffrances neurologiques qu'il venait de subir, son décès était quasiment impossible à éviter. Il a été officiellement déclaré ce mercredi à 12 h 15.
« Je souffrais le martyr »
Sortie du service de réanimation mardi soir seulement, la mère qui avait, elle aussi, « failli laisser la vie » dans l'accouchement en veut terriblement à l'interne. Elle reproche au gynécologue qui s'était occupé d'elle de ne pas avoir respecté son souhait de recourir à une césarienne.
Un souhait qu'elle avait pourtant exprimé dès son entrée dans la salle de travail, rappelant qu'elle « ne voulait pas souffrir autant que lors de son premier accouchement (qui s'était lui aussi conclu par une césarienne, NDLR) ». Son concubin avait, lui aussi, insisté lourdement sans être davantage entendu. Or, pour lui comme pour elle, cela ne fait aucun doute, « si la césarienne avait été pratiquée à temps, cette déchirure de l'utérus aurait été évitée et, aujourd'hui, le bébé (et la maman) se porteraient bien ».
« Toute décision obstétricale appartient au médecin, jamais à la famille », répond sur ce point Jean-Louis Criscuolo. Le gynécologue hospitalier indique également que « cette patiente avait été adressée pour un accouchement par voie naturelle », que « le travail avait été brillant » et que « rien ne pouvait laisser présager une issue aussi tragique ».
Conformément aux procédures de circonstance, les dossiers médicaux ont été transmis pour étude à l'Agence régionale de santé et au Réseau périnatal de l'Aquitaine. « Si, aujourd'hui, aucun élément ne permet de dire qu'il y a eu une erreur médicale, notre objectif est également de comprendre », assurent d'une même voix la directrice adjointe de l'établissement, Aurore Bouquerel, et la présidente de la commission médicale d'établissement en charge de la gestion des risques de l'hôpital, Marie-Pierre Brechet.
Pendant ce temps-là, « Lylou, 3 ans et demi, réclame son petit frère », pleurait hier Laëtitia depuis son lit d'hôpital. Le couple entend « faire le maximum pour que cela ne se reproduise pas et que le responsable de la faute soit reconnu et condamné ». Il n'exclut d'ailleurs pas de porter l'affaire devant les tribunaux.
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