Voilà le premier symptôme de cette campagne de vaccination qui tarde à démarrer. Un double signal de méfiance et de défiance d'un pays qui garde à la surface de sa mémoire l'affaire du sang contaminé, ne prend plus pour argent comptant les injonctions gouvernementales et scientifiques qu'il met trop souvent en doute et en balance avec les plus folles rumeurs circulant aujourd'hui sur certains blogs.
Les Français ne sont pas non plus aidés dans leur réflexion quand ils observent les professionnels de santé se faire prier, le ministre annoncer plusieurs modalités de prise du vaccin et constatent que les convocations des Caisses primaires d'assurance maladie omettent de mentionner les heures d'ouverture des dispensaires.
Comment convaincre alors qu'un peu de sens civique et de considération élémentaire pour son prochain suffirait à éviter au pays une crise inutile qui pénaliserait une fois de plus les personnes les plus démunies ou les plus fragiles ? Peut-être en se souvenant que sans la découverte et l'administration de vaccins contre la rage, la tuberculose ou le tétanos, nous ne serions pas là pour en parler. Ou en comparant la situation des pays nordiques, où la campagne se déroule efficacement, et celle du Mexique, qui vit aujourd'hui dans une sorte de chaos.
Les prochains jours apporteront une réponse à l'inquiétude des pouvoirs publics, car les convocations arrivent à peine dans les foyers français. Et il est encore bien trop tôt pour deviner quelle sera la mobilisation du pays durant l'hiver. Cependant, quelle que soit cette réponse au moment du choix de se faire ou non vacciner, il ne faudra pas oublier le manque de cohésion et de confiance qui s'est manifesté en ces jours de novembre.