LANDES/A 65. Un peu plus de trois mois après l'ouverture de la déviation routière, Aire-sur-l'Adour goûte aux joies du trafic fluide. Mais cela ne fait pas que des heureux
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Avant, c'était il y a quatre mois. Jusqu'à juillet dernier, Aire-sur-l'Adour a attendu que soit tenue une promesse préfectorale vieille d'un quart de siècle. Officiellement, la déviation routière de la ville devait être réalisée il y a vingt-neuf ans. C'est aujourd'hui chose faite, en prélude à l'autoroute A 65 Langon-Pau, dont la livraison est annoncée pour le début de 2011. Dès maintenant, prendre la deux fois deux voies de 6 kilomètres qui contourne la ville, c'est comme la traverser à 110 kilomètres-heure sans la voir. |
Les Aturins, eux, découvrent une nouvelle vie avec des artères débouchées. Fini les 13 000 véhicules qui s'engouffraient tous les jours sur les avenues étroites des Pyrénées, de Bordeaux, de la Gare ou de Verdun. Si le trafic se densifiait aux périodes des sports d'hiver (nous sommes là au carrefour où l'on choisit la direction de Pau ou de Tarbes), les bouchons étaient devenus quotidiens aux heures de pointe. Conjointement à l'ouverture de la déviation, un arrêté municipal interdit aux poids lourds de plus de 3,5 t de circuler en centre-ville, à l'exception des livreurs.
« Ces ralentissements permanents et la difficulté de se garer faisaient que beaucoup de gens des alentours ne venaient plus en centre-ville. Il est un peu tôt pour savoir s'ils vont revenir, mais les indicateurs sont plutôt favorables », dit le poissonnier restaurateur Thierry Bourrec. Lui, comme la majorité des commerçants aturins, ne travaille pas avec le « passage ». Alors, ils se réjouissent de ne plus subir cette horde de camions bloqués sur le pont, la pollution, le bruit et la dangerosité qui vont avec. « Au début, cela nous a fait bizarre de ne voir que les véhicules du chantier de l'A 65 et les remorques de maïs. Maintenant, même si nous avons perdu pas mal de nos repères, on apprécie la fluidité », assure Francis Darricau, président de l'association Commerce artisanat Aire 2000.
La future autoroute inquiète
La déviation et, plus encore, la future autoroute n'ont pas pour autant dissipé tous les sujets d'inquiétude. Elles en sont même la cause. Le pompiste du rond-point du Mas, en haut de la côte qui vous lance sur la nationale 134 en direction de Pau, a fait son dernier plein il y a peu. Il sait bien qu'un automobiliste pressé d'aller chausser les skis ne déviera pas de la voie rapide pour sa dose de carburant.
La jauge est encore plus parlante du côté des allées de l'Adour, qui mènent aux arènes et au camping. Là se trouve une sandwicherie historique qui ravitaille des bus entiers de touristes pour qui cette place arborée, au pied du pont qui enjambe l'Adour, est une halte appréciée. « Cet été, je n'ai pas trop senti de différence, mais en septembre c'est moins 30 % de chiffre par rapport à l'année dernière. Si cela perdure ces trois prochains mois, je pourrai m'inquiéter. Pour l'instant, je me dis que les habitués de l'itinéraire n'ont pas trop le réflexe de la déviation, mais, avec l'arrivée de l'autoroute, j'ai du souci à me faire », dit le patron en signalant qu'aujourd'hui une partie de ses revenus provient des ouvriers de l'A 65.
Idem pour Chantal, qui gère la brasserie du Comptoir de l'Adour. « Le soir, on a effectivement les gens du chantier, ce qui fausse un peu les statistiques. Mais en ce moment, c'est très net, je perds 50 couverts par jour. Je ne m'attendais pas à une telle chute », avoue-t-elle. Chantal se montre pessimiste pour l'avenir. Elle craint qu'avec l'autoroute les gens de passage, en période de vacances ou les week-ends, ne compensent plus les habitués. « Pour l'instant, la baisse de la TVA fait que je peux garder tous mes employés, mais la conjoncture et la déviation font que, budgétairement, j'en ai un de trop », assure Chantal.
« Il est exact que le véritable tournant sera pris avec l'arrivée de l'autoroute. Il y aura, notamment, l'implantation d'une aire de services qui fait craindre à beaucoup une désaffection de la halte naturelle qu'était notre ville. Il va nous falloir trouver des idées qui incitent les gens à sortir pour venir nous voir », avoue le maire, Robert Cabé.
L'affaire du Leclerc
Le dernier hic a une résonance très locale. Il concerne l'implantation de l'actuel Leclerc de Barcelonne-du-Gers en bord d'échangeur côté aturin à la fin de l'année 2010. « La ville a vendu son terrain de 35 000 mètres carrés constructibles, et on nous a annoncé la nouvelle du transfert du supermarché juste après les élections municipales. Nous n'avions rien contre au départ mais souhaitions qu'il garde la même superficie. Là, on nous annonce une enseigne qui va s'étaler sur 5 500 mètres carrés », regrette le président de l'association des commerçants, Francis Darricau. Pour calmer le jeu, la mairie annonce que les 1,4 million d'euros, fruit de la vente du terrain, seront réinvestis pour revitaliser les commerces du centre de la ville.
« On l'espère. Nous avons une jolie petite ville avec des commerces diversifiés. On nous dit qu'elle a vingt ans de retard, et c'est tant mieux. Au moins il n'y a pas que des banques et des cabinets d'assurances à tous les coins de rue », poursuit Thierry Bourrec. Tous ces débats sont nés d'une autoroute serpent de mer qui est aujourd'hui palpable et qui pourrait dynamiser un secteur enclavé. La déviation est un avant-goût et tout le monde, ici, souhaite qu'elle ne devienne pas arrière-goût avec l'A 65. Comme pour exorciser ces craintes, les Aturins sont nombreux à dire qu'ils continueront à prendre les nationales. Pas question de payer 20 euros pour rouler à 110 kilomètres-heure
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Actualité de l'A65 :
l 'A65 change la vie d'aire
L'autoroute change la vie et les habitudes. La fréquentation des commerces basés sur le passage est perturbée par le changement des habitudes. C'est évident.
Il y aura toujours du pour et du contre, mais l'homme s'adapte déjà à son environnement depuis des millions d'années. Soyons plus inquiet ou plus attentif sur les sujets durables, la planète, l'environement, l'avenir de nos enfants.
Pour aborder le sujet de l'expansion sans limite des grandes surfaces il va falloir choisir entre marchandises venues d'ailleurs à bas prix sans emplois locaux ou cadre de vie, travail salaire commerces locaux sourires et pouvoir d'achat. C'est un choix de société et nous avons encore les moyens de changer le cour des choses.
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