Deux projets incompatibles
« Au regard des possibilités de développement commercial du bassin montois, explique Philippe Simon, président de la CCIL, qui sont comprises entre 17 et 63 millions d'euros, les équipements sont dans une fourchette de 5 000 à 16 000 m² supplémentaires. Les deux projets en course, M2M (c'est-à-dire Leclerc, NDLR- 20 000 m²), et Cap de Gascogne (Storim- 45 000 m²) dépassent ces seuils et sont incompatibles entre eux. Le second nous paraît surdimensionné, mais maintenant il faut que les deux projets soient présentés complètement, avec les surfaces et les enseignes qu'ils proposent ». Mais surtout, la CCIL considère que sur ce dossier les entreprises privées doivent participer aux problèmes de circulation.
« Il faut absolument améliorer les pénétrantes, commente Philippe Simon, en tenant compte de la mise en circulation de l'autoroute A 65 à la fin de l'année 2010. Étant donné les coûts très élevés des travaux d'infrastructure, une contribution financière des projets en lice sera nécessaire pour répondre au mieux à la résolution de ce problème. La CCIL se tient prête à aider le Conseil général et les collectivités territoriales concernées à trouver la solution la mieux adaptée. »
La touche des sénateurs
Autrement dit, si Bernard Bornancin, patron du Leclerc montois, a déjà proposé au Conseil général de contribuer à la construction d'une pénétrante qui relierait son nouvel ensemble à la rocade, les regards se tournent désormais vers Henri Fouillade, patron de la Storim, qui doit absolument prendre position sur ce dossier. Étant entendu que, pour les élus professionnels, les deux projets ne peuvent pas coexister. Ce qui semble évident à tout observateur informé de la situation du commerce local.
L'autre préoccupation de la CCIL porte sur la touche qu'ont apportée les sénateurs à la réforme des chambres consulaires. Si les ressources fiscales seront perçues par la Chambre régionale, leur amendement prévoit que ces moyens financiers soient répartis ensuite entre les CCI territoriales, qui ainsi continueront de disposer d'un budget et d'un personnel nécessaires à l'accomplissement de leurs missions de proximité. Une garantie d'autonomie qui satisfait le président Simon, lequel ne cache pas qu'il avait beaucoup œuvré en ce sens.
Le sujet est encore revenu sur le tapis politique, hier.
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La tentation devait être trop grande. C'est qu'il y avait ces 330 000 euros, alloués hier par le Conseil général pour « améliorer les capacités de carrefour giratoire de la rocade de Mont-de-Marsan. »
180 000 pour celui de la route du Houga (RD 30) et 150 000 pour celui de la route de Grenade-sur-l'Adour (RD 824) : avec cela, pas (encore) question de déniveler. Non, bien sûr, on plaisante, si c'est encore possible sur ce dossier….
Là, il s'agit juste (et c'est déjà beaucoup !) de projeter une deuxième voie sur les branches de la rocade en entrée du carrefour. De quoi mettre un peu d'ordre aux heures de pointe et débloquer parfois la situation, mais vraiment aucun miracle à espérer : le nœud reste entièrement à dénouer.
Et surtout le nœud politique, à voir les interventions successives de Christian Cazade et d'Alain Vidalies, respectivement conseillers généraux des cantons nord et sud de la préfecture. Le premier surtout, plus particulièrement en charge des infrastructures au département et remonté comme un coucou à l'attaque d'un débat qu'il lance lui-même. « Le Conseil général n'a jamais été contre la dénivellation des carrefours. La seule chose que nous avons dite et que nous répéterons, c'est qu'il ne nous est pas permis de réaliser ces travaux-là ! Pour la bonne et simple raison que cette rocade et ces carrefours sont encombrés de part et d'autre… »
« Toujours la vérité »
Et l'élu montois de s'enflammer, au point d'obliger Henri Emmanuelli à maîtriser son débit, sourire à l'appui : « Nous avons fait notre travail sur ce dossier. Et nous avons toujours dit la vérité… »
À son tour, Alain Vidalies pouvait reprendre un flambeau aux allures de brasier. « La rocade est un débat important, qu'il ne faudrait tout de même pas surjouer. À moins que la proximité des rendez-vous électoraux de 2011 (ndlr : les deux cantons montois sont renouvelables au Conseil général) ne suscite quelques démangeaisons… »
Passée la pique, vient tout de même la réalité. « Il y a deux débats en un : faut-il doubler la rocade ? On peut en discuter, effectivement. Quant à déniveler les carrefours, nous n'avons jamais été défavorables. Mais déniveler des carrefours avec une telle multiplicité d'entrées commerciales, c'est simplement irresponsable sur le plan économique. »
Le député peut même en rajouter une louche : « c'est un dossier sensible qui a été utilisé à d'autres fins. Mais la vérité finira bien par l'emporter… » Des grands mots ? La vérité, donc ? Henri Emmanuelli a l'air d'en détenir une partie. « Nous, on va faire. » Mais quoi donc ? Doubler ? Déniveler ? On va finir par s'y perdre plus sûrement que dans un bouchon montois…
« J'en ai vu d'autres »
« Premièrement, même si c'est modeste, nous allons aménager les giratoires comme nous l'avons dit aujourd'hui. La deuxième, c'est ce boulevard sud, ce projet de Saint-Pierre-du-Mont, qui va bien contribuer à désengorger, non ? On va voir comment on peut le faire avancer, ce dossier, y compris avec la CAM. »
Ce projet dont Cazade redit « que le Conseil général l'a eu avant, ce qui ne l'a pas empêché par ailleurs de refuser aussi deux projets d'extension commerciale ! » Ce projet qui rassemble ou agace, selon de quel côté on veut voir les choses… « Je vais vraiment le faire avancer, reprend plus fermement encore le président du Conseil général. Et ceux qui n'avanceront pas avec nous feront des déclarations. »
Allez, une conclusion du prophète en son pays : « Le souci numéro un, ce sont les usagers. Le reste, j'en ai vu d'autres… »