La séance de travail voulue par Henri Emmanuelli avec les élus des 18 communes membres a duré deux bonnes heures et n'a débouché sur rien.
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<<Henri Emmanuelli et Geneviève Darrieussecq, enthousiastes en début de séance, n'en avaient plus à la fin. Les positions de la CAM et du Département restent divergentes. photo pascal bats |
«Dire aujourd'hui aux gens que demain, ce sera fluide, ce n'est pas possible… Mais on y arrivera, il n'y a pas de raison. Pour ça, il faut d'abord passer du stade des injonctions au stade du travail. » C'est ainsi qu'Henri Emmanuelli, las et agacé, conclut les deux grosses heures de table ronde consacrée hier à la rocade. Une table ronde qu'il avait appelée de ses vœux mais qui n'a sans doute pas débouché sur le résultat espéré.
Pourtant, les 18 communes de l'agglomération sont représentées dans l'habituel salle du conseil de l'hôtel du Département. Et pour faire bon poids, Henri Emmanuelli est flanqué des conseillers généraux montois, Christian Cazade et Alain Vidalies. |
Si toutes les parties prenantes sont présentes, tous les partis pris le sont aussi. Et chacun va camper sur ses positions. Pour faire simple, dans un dossier qui est loin de l'être, le maire de Mont-de-Marsan est favorable à un franchissement aérien des ronds-points de la route du Houga et de celle de Grenade. En règle générale, elle demande aussi que soit étudié le doublement de cet axe, hier il n'en a pas été question.
En face, le Département plaide, lui, pour un aménagement plus modeste en commençant d'abord et avant tout par le rond-point de Grenade.
Cette séance de travail débute pourtant bien. Henri Emmanuelli et Geneviève Darrieussecq se sont entretenus une demi-heure en privé. La présidente de la CAM remercie celui du Département d'avoir organisé cette réunion. « Nous sommes très contents d'échanger sur ce dossier. L'objectif est qu'on puisse bien vivre sur ce territoire et donc bien s'y déplacer. » On se dit que certains angles ont été arrondis et on a tort.
Pire avec l'A65 et la LGV
En fait, il n'y a que deux points sur lequel tout le monde s'accorde. La rocade sature trop souvent et compte tenu de l'arrivée prochaine de l'A65 et de la LGV, ce sera bien pire dans pas longtemps. Pour le reste, les positions divergent.
Jean-Marie Marco, directeur du service des routes au Conseil général, se charge du préambule incontournable. La rocade, c'est quoi ? Qui l'utilise et pour aller où ?
Il reprend les données fournies par une étude réalisée par le Département il y a deux ans. Le trafic y a augmenté de 14 % en dix ans (période 1999-2008) alors qu'en 15 ans, il y a évidemment un rapport de cause à effet, la population a augmenté de 21 %. La situation s'est d'autant plus compliquée qu'avec la construction de la rocade (entre 1979 et 1982), le nombre de pénétrantes a diminué.
Jusque-là, ça va. Tout le monde est encore d'accord. Mais ça ne va pas durer. Première pierre d'achoppement, les modes de trafic. Selon les études du Conseil général, le trafic interne (communal) est évalué à 16 %, celui d'échange (communautaire) à 71 %, enfin celui de transit (départemental) à 13 %.
Geneviève Darrieussecq va tiquer là-dessus. Pas convaincue de la répartition et inquiète qu'elle sous-tende la participation financière des différentes collectivités. Cette inquiétude est immédiatement dissipée et Jean-Marie Marco propose une nouvelle étude conjointement menée par ses services et ceux de la CAM et dont les résultats seraient incontestables.
Bon gros mensonge
Passe encore le diagnostic, c'est sur le traitement que l'opposition est frontale. Jean-Marie Marco rappelle que l'arrivée sur les deux giratoires à problème sera doublée, qu'une dérivation vers le sud soulagera le rond-point de Grenade et en vient aux aménagements prévus dans le cadre du projet commercial porté par Leclerc et la mairie de Saint-Pierre-du-Mont. Jean-Pierre Jullian ne se prive pas d'en dire le plus grand bien.
Si dénivellement du rond-point de la route de Grenade il doit y avoir, il sera grandement facilité par ces aménagements. Et puis, ce n'est pas un détail, si Bernard Bornancin prend ces investissements à sa charge, ce sera tout bénéfice pour les collectivités qui auront d'autant moins à payer.
Si Geneviève Darrieussecq se dit, pour la première fois, partisane de ce projet plutôt que de celui d'Haut-Mauco porté par la Storim, actionnaire incontournable du Stade Montois, elle « reste excessivement réservée » sur ce qu'il apportera à la rocade. Elle n'en démord pas : une zone commerciale implantée là compliquerait encore la situation en raison du trafic induit.
« Cette précipitation est injustifiée », estime t-elle. Henri Emmanuelli sourit : « J'avais compris que le problème, c'était plutôt la lenteur ». Puis ne sourit plus du tout. « Je ne comprends pas le blocage » sur ces aménagements payés par un privé.
Au blocage, va s'ajouter un bon gros mensonge. La présidente de la CAM s'adressant aux deux conseillers généraux montois explique que, lors de la campagne électorale de 2004, ils étaient l'un et l'autre en faveur des franchissements aériens. Christian Cazade dément, Alain Vidalies aussi. Et pourtant, vérification faite, c'est bien ce qui figure dans leur programme de l'époque…
La séance de travail s'achève ainsi. Dans la confusion et l'énervement. Le dossier n'a pas avancé d'un iota. Et pendant ce temps-là, les embouteillages…
8 juin 2010 06h00 | Par jean-françois renaut
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