La bataille du tonnage pour le transport des bois ronds
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« Camions XXS pour forêt XXL ». Derrière cette banderole, une cinquantaine de poids lourds adaptés au transport de bois ronds ont circulé hier matin à allure très réduite pendant environ trois heures, d'un rond-point à l'autre de la rocade de Mont-de-Marsan, perturbant sérieusement le trafic sans toutefois le bloquer totalement.
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Organisée par la Fédération des industries du bois d'Aquitaine (Fiba), cette manifestation avait pour but de mettre la pression sur le Conseil général des Landes au moment où la loi offre l'opportunité d'utiliser des camions capables de transporter jusqu'à 57 tonnes de bois, contre 48 au maximum actuellement. Soit un gain de charge utile de l'ordre de 15 %.
Depuis plusieurs années, les poids lourds de 57 tonnes étaient autorisés à circuler sur le territoire français sous réserve d'obtenir une dérogation au Code de la route. En Aquitaine, particulièrement dans les Landes, les dérogations n'ont jamais prévalu. Mais depuis la fin du mois de juin dernier, un décret ministériel légalise la circulation des 57 tonnes sur des itinéraires déterminés. Ce décret résulte des dispositions de la loi de modernisation de l'économie (LME) de 2008.
Les itinéraires sont définis par arrêté préfectoral « après consultation des gestionnaires du domaine routier », en l'occurrence le Conseil général, qui dispose d'un délai de « deux mois » pour rendre son avis. Le décret lui ayant été notifié le 3 juillet, le Conseil général des Landes peut donc, en théorie, attendre jusqu'au 3 septembre pour se prononcer.
Sachant, en cas d'avis défavorable, que le préfet peut, au bout du compte, passer outre. L'action des industriels du bois, hier, visait à l'inciter à rendre son avis le plus rapidement possible, afin de ne pas ralentir la mise en oeuvre d'une flotte routière plus performante.
Sortir le bois au plus vite
Le principal argument soutenu par Tanguy Massart, président de la Fiba, est que le nouveau tonnage autorisé permettra de sortir plus vite de la forêt les bois tombés à terre durant la tempête, particulièrement « les bois d'oeuvre et de qualité », aujourd'hui menacés, dit-il, « par les risques d'incendie et de maladie ».
À ce jour, environ 3,5 millions de tonnes ont été stockées ou expédiées. L'objectif est d'atteinde les 8 à 12 millions d'ici à la fin de l'année. Les nouvelles capacités autorisées par la loi permettraient, assure-t-il, de « pouvoir sortir 600 000 tonnes supplémentaires par mois ».
Xavier Martinon, vice-président du Conseil général, en charge de la forêt, a reçu une délégation d'industriels, hier en fin de matinée, en l'absence d'Henri Emmanuelli, retenu à Paris pour le débat sur la motion de censure. « Notre intention n'est pas de faire de l'obstruction », dit-il.
« Pris en otages »
Pour autant, la collectivité départementale vit assez mal la situation. La facture « route » générée par la tempête est à ce jour estimée entre 30 et 50 millions d'euros. Faire circuler des transports de bois de plus grande capacité et en plus grand nombre ne fera, Xavier Martinon en est persuadé, qu'y ajouter.
« Nous avons le sentiment d'être pris en otages, explique-t-il. Quand l'État fait des infrastructures, il appelle au cofinancement, mais l'inverse se produit rarement. » En ce sens, il affirme que le département des Landes a reçu une « fin de non-recevoir » quand il a demandé à l'État de faire jouer la solidarité nationale pour réparer les dégâts causés au réseau routier : « C'est le contribuable landais qui devra payer » !
À cela s'ajoutent des relations tendues avec les industriels, ces dernières années, sur cette question du transport : « 70 % des contrôles effectuées ont conclu à des situations de surcharge », relève Xavier Martinon. En clair : à l'État de faire un geste.
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