Biologiste amateur, j'avais vu des batraciens de cette espèce ici dans les Landes. Je lui en ai portées six, c'est comme ça qu'il m'a proposé de collaborer avec lui. »
Inombrables découvertes
C'est ainsi que le site de Pouydesseaux va devenir le premier laboratoire d'eau douce en milieu naturel. « C'était ça l'idée, poursuit M. Darré, sortir du laboratoire pour trouver des solutions en extérieur. » Grâce à ces grenouilles, un nombre inimaginable de découvertes ont été faites dans les domaines de l'embryologie et de la fécondation, par exemple.
Parmi les travaux de recherche du fils du dramaturge Edmond Rostand, on peut compter le clonage ou encore la conservation de la semence ou du sang qui donneront lieu à la création de ces fameuses banques, essentielles aujourd'hui.
En ouvrant ce site au public, le souhait du biologiste était de faire mieux connaître la science, de la vulgariser. « Jean Rostand désirait éveiller les consciences des jeunes et moins jeunes à l'écologie », précise M. Darré. Un circuit pédestre de 3 kilomètres à travers cette forêt à quelques encablures de Pouydesseaux est proposé au public.
Plus récemment, au début des années 2000, l'hôpital parisien de la Pitié- Salpétrière s'est penché sur l'apnée du sommeil ou chaos respiratoire. Un mal qui touche les nourrissons et les adultes, soit près de 1,5 million de Français. Il se définit comme la survenance durant le sommeil d'épisodes anormalement fréquents d'obstruction complète ou partielle des voies aériennes supérieures, occasionnant des ronflements et, par la même, une somnolence diurne excessive. Les grenouilles de Pierre Darré secrètent une enzyme spécifique au moment de leur transformation, étape fondamentale où le batracien passe d'une respiration branchiale à une respiration pulmonaire. « Mon rôle est de faire éclore les têtards et de les envoyer à Paris dix jours avant leur transformation, précise-t-il. Je ne suis rassuré que lorsque l'on me prévient qu'ils sont bien arrivés. »
Autre star : la sangsue. Cette petite bête a retrouvé toute son utilité dans la chirurgie moderne. Sa bave contient de l'hirudine, un anti-coagulant, qui facilite les opérations de greffe. C'est le chercheur landais Jacques Latrille qui en a eu l'idée. Après avoir créé des bassins à Audenge, il a proposé à Pierre Darré de participer à cette aventure en en produisant ici, à Pouydesseaux. « Ce qui est merveilleux, c'est qu'avec la nature, on n'en a jamais fini », conclut le biologiste, amusé.
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