Les syndicats font le pari que mardi verra une nouvelle journée de grèves et de manifestations d'ampleur dans toute la France contre le projet de réforme des retraites, certaines grèves pouvant être reconduites, le calendrier parlementaire s'accélérant. L'intersyndicale a déjà prévu, samedi prochain, une 5e journée de mobilisation depuis la rentrée contre la réforme gouvernementale.
A la SNCF, où des préavis reconductibles ont été déposés, les perturbations seront importantes dès mardi, avec en moyenne 1 TGV Paris-province sur 3, 1 TGV province-province sur 5, près de 4 Transiliens sur 10 aux heures de pointe, 4 services TER sur 10, et 1 Corail de jour sur 3. L'ensemble des syndicats de cheminots ont appelé à la grève.
De son côté, la RATP prévoit pour mardi 1 RER B sur 5, 1 RER A sur 2 et des perturbations variables dans le métro. Dans 85 autres réseaux de transports urbains, des préavis ont été déposés dont 29 reconductibles.
L'examen de la réforme gouvernementale est dans sa dernière ligne droite. Vendredi, le Sénat a voté sa mesure-phare, le passage de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ, et lundi doit voter celui de 65 à 67 ans de l'âge de la retraite à taux plein. Fin octobre, soit pendant les vacances scolaires, le projet de loi devrait être définitivement adopté par le Parlement.
Selon François Chérèque (CFDT), "c'est une des dernières occasions de faire reculer le gouvernement". Il mise davantage sur les cortèges que sur les grèves, "la grande majorité des salariés" n'ayant pas "les moyens de se payer des journées de grève à répétition" selon lui.
Le 23 septembre, les manifestations ont rassemblé environ un million de personnes selon la police, 3 millions selon la CGT, et le samedi 2 octobre entre 900.000 (police) et 3 millions (syndicats). Les partis de gauche misent aussi sur la rue pour faire encore bouger les lignes. La participation des lycéens et des étudiants est une des inconnues de la semaine.
Pour tenter de désamorcer la contestation, l'exécutif a lâché un peu de lest sur la retraite de certaines mères de trois enfants et de parents de handicapés, des mesures aussitôt jugées insuffisantes par les syndicats. Le conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie, a averti que rien ne changerait "l'architecture du projet sur les mesures d'âge et sur l'équilibre financier". Selon Jean-François Copé (UMP), "l'arbitrage" sur la réforme doit se faire à l'occasion de la présidentielle de 2012 et non pas dans la rue. "On se heurte à des manifestations, c'est bien naturel", mais "on a un devoir de gouvernement", a fait valoir le ministre du Travail, Eric Woerth.
Cette constance a poussé certains syndicats - souvent CGT, FO ou Solidaires - à durcir leur opposition, en déposant ces derniers jours des préavis reconductibles dans plusieurs secteurs (énergie, chimie, agroalimentaire...) ou entreprises (SNCF, RATP, Total, La Poste, France Télécom...).
L'éventuelle poursuite de la mobilisation dans les raffineries fait planer la menace d'une pénurie de carburants.
Il est difficile d'évaluer si ces appels, qui font débat parmi les syndicats, seront suivis. Pour la CGT, "on verra les réponses qu'apportera le gouvernement et les salariés décideront eux-mêmes de la suite".
71% des Français estiment justifiée la journée de mardi, selon un sondage IFOP pour Sud Ouest-Dimanche, paru ce dimanche dans nos colonnes.