Assurer la continuité
Contrairement aux idées reçues, la misère n'est pas moins pénible au soleil. L'été, les sans-domicile peuvent dormir dehors, et beaucoup d'entre eux partent en Espagne ou sur la côte, la saison touristique apportant son lot de petits boulots saisonniers.
Mais pour les autres, la plupart des organismes susceptibles de leur venir en aide sont fermés, et les SDF sont parfois livrés à eux-mêmes. « Cet été, on a eu un peu de passage sur Mont-de-Marsan, en plus des précaires que l'on connaissait déjà. Mais il faut reconnaître que c'est resté très calme. On assurait une présence et les gens étaient contents de nous voir sur le terrain. Cette maraude du mardi soir nous a permis de ne pas perdre de vue les quelques squats permanents de la ville et surtout de ne pas disparaître du paysage du jour au lendemain. L'été, c'est une chose, mais ces derniers jours, les températures sont tombées et on a même eu les premières gelées. Il reste un mois à tenir avant l'ouverture officielle des Restos et des autres structures. La température remonte, mais on n'est qu'à la fin du mois d'octobre. Pour certains, ça risque d'être long ! »
Coup de froid, soupe chaude
Anne-Marie constate d'ailleurs que les SDF partis pour l'été sont de retour. « On commence à les connaître depuis le temps. Tant qu'il reste des vendanges ou des cueillettes, ça va, mais dès que les travaux agricoles seront terminés, beaucoup vont revenir. Et nous, on sera là pour qu'au moins une fois par semaine, ils puissent manger un morceau avec nous. »
Depuis la semaine dernière, les bénévoles de l'association ont recommencé à préparer des soupes chaudes, à proposer des repas complets pour ceux qui sont dans la rue. « Nous n'avons pas encore reçu tout le matériel. Il nous manque des couvertures, des parkas, et les cuisines des Restos du Cœur ne sont pas encore ouvertes. La soupe ne vaut pas celle qu'on fait pendant l'hiver, avec des patates et des bouts de canard ! »
Ce qui inquiète aussi les bénévoles avant le début d'une nouvelle campagne, c'est que la moyenne d'âge des maraudeurs ne diminue pas. « C'est sûr que les gens actifs sont très occupés mais c'est dommage. Mon fils m'accompagne parfois et il passe bien avec les jeunes de la rue. Nous, on a un côté grands-mères que les SDF apprécient aussi, mais avec quelqu'un de leur âge, les relations sont différentes. Ils se confient plus facilement. » En attendant les nouvelles recrues, Anne-Marie et les autres seront fidèles au poste, mardi prochain.