Toujours la non-compensation par l'État de sommes promises et qui commencent à atteindre un seuil jugé depuis longtemps non tolérable…
Près de 200 millions depuis 2004 et la mise en place successive de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), de la prestation de compensation du handicap (PCH) et du Revenu de solidarité active (RSA), 40 millions pour la seule année 2010, c'en est trop : « on va au naufrage et les gens vont se demander comment le bateau a coulé ? » Le président du Conseil général ne mâche plus ses mots depuis longtemps sur le sujet. Surtout quand un de ses premiers vice-présidents, Jean-Claude Deyres en remet une louche : « compte tenu de la seule ressource qui nous reste, la fiscalité, et du fait que le point est passé de 1 million à 300 000 euros en quelques années, il nous faudrait augmenter la fiscalité de 15 à 20 % chaque année pour compenser. » Parlant, non ?
« Entreprise de démolition »
« On est en train de transférer l'impôt de la casse sociale sur la fiscalité la plus injuste. Mais il faut le dire, c'est quand même l'argent des Landaises et des Landais ! s'emporte alors Emmanuelli. Le robinet est ouvert d'un côté par la loi et fermé de l'autre par la majorité gouvernementale ! C'est une entreprise de démolition des collectivités, menée jusqu'au bout dans l'irresponsabilité la plus totale. »
Les quelques (timides) objections apportées par l'UMP Alain Dudon ne feront que relancer la diatribe politique du député des Landes... « Il n'y a que quand on ne fait rien, pas de réforme, que l'on ne risque pas de se tromper », voilà pour l'exercice plus ou moins obligé de l'opposant. « Mais dites-moi, à quel âge êtes-vous parti à la retraite ? » « 57 ans… » « Ah, bon… » De quoi revenir de plus belle à la charge sur la réforme des collectivités et leur asphyxie financière « favorisée » par le gel des dotations de l'État pour les trois prochaines années… « À part une revanche politique sur la gauche, je n'ai pas vraiment d'explication à cette situation… On va dans le mur et on fait semblant de ne pas voir qu'on y va ! »
Conclusion ? « Doit-on annoncer fin novembre que l'on ne verse plus un sou à la CAF ? » C'est désormais plus qu'une menace, déjà brandie, par Henri Emmanuelli. C'est une réalité qu'il est prêt à assumer. « Je convoquerai l'assemblée départementale pour la saisir d'une telle éventualité, évidemment. » C'est ce qui s'appelle prendre date.