J'ai bien conscience que si l'image du département est aussi attractive, ce n'est pas exclusivement dû à mon talent ! Mais je constate quand même que le « système Emmanuelli », comme disent certains, n'empêche pas les gens de venir en nombre dans les Landes. Nous avons des services publics locaux efficaces, un cadre de vie privilégié. Comme partout, et peut-être plus encore quand on accueille de nouvelles populations, la question cruciale reste l'emploi.
Comment adaptez-vous les structures à ces arrivées ?
Le Conseil général encourage depuis longtemps les élus locaux à investir dans les équipements publics, à développer le logement. Au niveau des infrastructures, l'A65 est terminée, la LGV va arriver et l'élargissement de la RN 10 va démarrer. Même si je ne suis pas favorable au péage, ces travaux de mise aux normes sur l'A 63 sont nécessaires. J'ai veillé au maintien de la gratuité sur la portion landaise, entre les deux barrières de péage, mais je rappelle que ce n'est pas le Département qui pilote ce projet. C'est l'État le maître d'ouvrage. C'est lui et lui seul, qui a fait le choix de la concession.
Préparer l'avenir, c'est aussi investir dans l'éducation…
Les communes font des efforts sur les écoles, nous sur les collèges : 18 millions d'euros investis à Saint-Paul-lès-Dax cette année, 10 à 13 M€ à Saint-Geours-de-Maremne l'an prochain, un nouveau collège en projet à Labrit. Il faut aussi continuer à anticiper la croissance démographique. Le projet Landes 2040 reste plus que jamais d'actualité.
Si l'on en juge par la manifestation de mardi, le compte n'y est pas…
Nous avons dans les Landes le taux d'encadrement le plus bas d'Aquitaine, malgré l'apport de populations nouvelles. 10 % des cours sont assurés en heures supplémentaires et l'on voit de plus en plus de classes surchargées, en particulier dans les collèges. Il y a eu des problèmes importants de non-remplacement d'enseignants l'hiver dernier dans le primaire. L'Éducation nationale n'est plus prioritaire pour ce gouvernement. À notre niveau, on veille à ce que les équipements d'accueil et les personnels de service soient adaptés aux besoins. Pour le reste, il faudra changer de gouvernement.
Les transports vont-ils pouvoir suivre la cadence ?
Nous avons une régie départementale qui fonctionne bien et qui est à l'équilibre au plan financier. Elle le doit beaucoup au transport scolaire mais aussi au développement des transports interurbains. Nous sommes passés de 90 000 voyages en 2008 à plus de 200 000 voyages sur les douze derniers mois. Il y a deux ans, nous avons lancé le réseau XL'R au tarif unique de 2 euros pour répondre aux déplacements domicile-travail. Début octobre, nous procéderons à des ajustements, avec une amélioration de service sur cinq lignes dont la ligne Mont-de-Marsan-Dax. Nous allons créer avec le Grand Dax une Société publique locale pour exploiter le transport urbain en agglomération. La ville de Biscarrosse et la Macs ont déjà manifesté leur intention de rejoindre ce dispositif public. Je suis d'ailleurs étonné que l'agglomération montoise ait fait le choix du privé alors que partout en France, on revient vers la gestion publique.
Veolia présentait, semble-t-il, le meilleur service au meilleur coût…
Le niveau de service est déterminé par l'autorité organisatrice des transports, en l'occurrence l'agglomération. L'exploitant répond à un cahier des charges. S'agissant du coût, Veolia n'était pas moins cher que la RDTL à service équivalent. Dans ce dossier, je ne remets pas en cause le vote des élus, mais la présentation qui en a été faite. La présidente de l'Agglomération n'a répondu à aucune des questions posées. Le choix de Véolia était déjà acté. C'est un choix politique, qui va à rebours de ce qui se fait ailleurs. Je suivrai le dossier attentivement.
Le projet Atlantisud à Saint-Geours-de-Maremne est toujours contesté. Que répondez-vous aux opposants ?
Je le répète, la priorité, c'est l'emploi. Le projet commercial d'Atlantisud prévoit entre 800 et 1 000 créations d'emploi. Où va-t-on en trouver autant ? J'entends l'inquiétude de certains commerçants, qui craignent des répercussions sur leur activité. Mais s'il y a des suppressions d'emploi, ce sera à la marge. Au final, le solde sera largement positif. Aujourd'hui, 50 % du foncier est engagé sur la zone d'Atlantisud, où se sont installées des entreprises du secteur industriel et logistique. C'est une belle réussite en trois ans de commercialisation. Et ce n'est pas fini. Dans cinq ans, le territoire de Macs accueillera plus de 70 000 habitants. Le Seignanx connaît aussi un fort développement. On me dit qu'il y a trop d'offres commerciales dans le sud du département, mais à Ondres, ce sont les gens du BAB qui vont venir ! Et puis Il y a des projets d'extension partout, le Grand Moun dans l'agglomération montoise, le Grand Mail dans l'agglomération dacquoise. Avec un quasi-monopole de Leclerc. Là, avec Auchan, il y aura une autre enseigne et donc de la concurrence. Ce sera bénéfique pour le pouvoir d'achat des ménages.
J'ajoute que dans ce dossier, certains devraient s'abstenir de confondre leur rôle public et leur rôle privé de promoteur. Il y a un conflit d'intérêt manifeste qui semble échapper à tout le monde. J'encourage tous les commerçants de la zone qui sont inquiets à rejoindre Atlantisud. Il y aura des opportunités pour eux. Et franchement, je pense que les commerçants de Dax sont plus directement impactés par le Grand Mail et son projet d'extension qu'ils ne sont menacés par Saint-Geours. Quant au Conseil général, nous avons toujours donné la prime à ceux qui font en votant systématiquement pour tous les projets d'implantation. Je rappelle au passage qu'il s'agit d'investissements privés. Si cela ne marche pas, cela n'aura aucune conséquence sur l'équilibre des finances publiques.
Une polémique est née au début du mois avec les producteurs de maïs. Qu'en est-il ?
Les agriculteurs disent qu'il faut défendre la surface agricole utile. Ils ont raison. Elle est surtout menacée par l'immobilier, mais je n'y peux rien : ce sont les agriculteurs qui vendent leur terrain. Simplement, je ne souhaite pas que la forêt recule au bénéfice des surfaces agricoles utiles. La diminution de la surface forestière aurait des conséquences néfastes sur l'industrie et l'environnement. Je suis un partisan de l'intégrité du massif.
Comment voyez-vous les Landes en 2014, terme théorique du Conseil général avant la réforme territoriale ?
Nous étions dans une période d'euphorie jusqu'au printemps 2008. Il y a eu la crise économique et la tempête Klaus qui ont provoqué un gros coup d'arrêt. Depuis, le redémarrage est très lent, on a vu disparaître des projets d'investissement, notamment au plan industriel. Mais nous avons la chance dans les Landes de pouvoir maîtriser l'avenir et la capacité de ne pas reproduire les erreurs commises ailleurs. À vrai dire, je suis davantage optimiste sur l'avenir du département que sur celui de l'Hexagone.