La CDAC examine ce matin le premier des deux projets de zone commerciale. Les commerçants seront devant la préfecture pour dire leur opposition.
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Photo sud ouest |
Ils seront probablement plusieurs dizaines ce matin devant les grilles de la préfecture au moment où se réunira la CDAC (lire ci-dessous) devant statuer sur le projet de zone commerciale porté par la Storim. Les commerçants montois sont inquiets et ils veulent le faire savoir. « On va essayer de piquer les votants au vif en les sensibilisant sur les risques de laisser faire ce projet », livre Bruno Dumarais, un des deux coprésidents de l'Ucam (Union des commerçants et artisans montois). |
Le positionnement des commerçants n'est pas neuf et leur inquiétude d'autant plus grande que ce n'est pas un, mais deux projets qui sont dans l'air en attendant de sortir de terre. Bruno Dumarais vide son sac. « Ça fait longtemps qu'on dit que les deux projets ne sont pas viables, que les commerces du centre-ville vont mourir. Ce n'est pas la peine de faire appel au Fonds d'investissement et de soutien de l'artisanat et du commerce (Fisac), pour revaloriser le centre-ville. Ça ne sert à rien de dépenser cet argent. »
Sans trop d'illusions
Si un des projets de zone commerciale voit le jour (et a fortiori s'il y en a deux), l'Ucam prévoit trois types de réactions dans ses rangs. Ceux qui seront intéressés et voudront intégrer les galeries (« des friches sont à redouter » lâche Bruno Dumarais), ceux qui seront intéressés et n'auront pas les moyens (loyer mensuel autour de 7 000 euros et pas de porte à 50 000 euros) et enfin ceux qui ne trouveront pas de repreneur ou de successeur.
Ces derniers jetteraient rapidement l'éponge, exaspérés par la baisse de leur chiffre d'affaires. Les premiers croiseraient les doigts pour rentrer dans leurs frais.
Outre l'inquiétude, les commerçants montois éprouvent aussi de la colère. « On nous parle de 700 emplois créés mais on oublie de dire que beaucoup seront des temps partiels et surtout on ne dénombre pas les emplois qui seront supprimés chez nous. »
Pour être honnête, le projet Storim les embête probablement moins que celui porté par Leclerc. Mais c'est celui qui est le plus avancé. « C'est le premier gros projet landais à passer. C'est un test. »
Un test qu'ils s'attendent à louper. « On a fait nos calculs, je ne vois pas comment le Non pourrait l'emporter. Les statistiques au niveau national montrent que depuis sa mise en place, la CDAC n'a refusé qu'un seul et unique projet. »
26 août 2010 06h00 | Par Jean-François renaut
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Actualité :
Commerce du centre contre zones en périphérie
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La Storim franchit la CDAC et garde les devants
La CDAC a autorisé, hier, le projet commercial de la Storim. Six voix pour, trois contre, une abstention
commerçants Le vote de la CDAC, même attendu, a été mal ressenti. Bruno Dumarais n'est plus coprésident.
Six voix pour, trois contre et une abstention. Tel est le résultat du vote des dix membres de la CDAC hier, en début d'après-midi, à l'issue de quatre heures d'examen du projet Storim.
C'était évidemment attendu. Les commerçants le redoutaient, ils n'ont pas eu de bonne surprise, voire plutôt une mauvaise (lire ci-dessous).
La répartition des votes peut néanmoins surprendre. Comme le dit Bernard Bornancin, patron de Leclerc et porteur du projet concurrent à Saint-Pierre-du-Mont, « c'est loin d'être l'unanimité ».
Dans le détail, quatre élus et deux personnalités qualifiées landais ont voté pour, le représentant de la Communauté d'agglomération du Marsan s'est abstenu. Les deux Gersois (un élu et une personnalité qualifiée) ont voté contre, de même que, c'est un peu surprenant, le représentant des consommateurs.
Bornancin le 22 septembre
« Je m'attendais à mieux en termes de résultat mais le plus important reste d'avoir la majorité », livre Henri Fouillade, le patron de la Storim descendu avec son staff pour être présent hier matin. « Notre dossier tient la route et a été examiné par une commission de bonne tenue. »
À compter de la notification officielle de l'autorisation, les recours devant la Commission nationale de l'aménagement commercial (CNAC) seront possibles durant un mois.
L'un pourrait venir (ou pas) de Bernard Bornancin et de son associé dacquois Philippe Jacquemain. « Je ne sais pas encore ce que nous allons faire », explique le premier.
Il n'est pas impossible qu'ils attendent de voir ce que dira la CDAC lorsqu'elle examinera leur projet le 22 septembre. « Je souhaite qu'on nous laisse notre chance comme l'a eu notre concurrent et que nous obtiendrons l'autorisation », lâche le patron de Leclerc. « Ensuite, ce sera le meilleur qui l'emportera. » Une compétition inévitable si on veut bien considérer que le bassin de chalandise montois, même très élargi, n'est pas viable pour deux zones commerciales de cette taille-là.
Pour mémoire, le projet Storim à Haut-Mauco, en bordure de la 2x2 voies entre Mont-de-Marsan et Saint-Sever, c'est près de 38 000 m² de surfaces commerciales, 60 enseignes, un hypermarché Cora de 8 500 m², une jardinerie de 5 000 m², un hôtel de 60 chambres…
38 000 m² et encore 40 000 m²
En face, ou plutôt pas loin, à l'angle de la rocade et de la route de Grenade, le projet Bornancin-Jacquemain proposera 40 000 m² de surface de vente. Ils se déclineront en un hypermarché Leclerc de 8 000 m², 65 boutiques réparties en grands pôles (culture et bien-être, équipement de la personne, de la maison et de sport), mais aussi de la restauration et une variante de Calicéo.
Henri Fouillade, qui a un temps d'avance sur ses concurrents, va évidemment tout faire pour le conserver. « Il y aura peut-être des recours mais je m'en moque. Ce sera la même histoire devant la CNAC. » En attendant, il va déposer les permis de construire, « dès que possible, sous peu ».
Le projet Bornancin-Jacquemain, qui obtiendra vraisemblablement aussi l'autorisation de la CDAC, n'aura finalement qu'un petit mois de retard. La ligne droite sera encore longue mais le sprint va débuter. Au coude à coude. Bousculades et croche-pieds non exclus, pour ne pas dire probables.
Démission à la tête de l'Ucam !
À l'appel de l'Union des commerçants et artisans montois (Ucam), ils sont une trentaine rassemblés devant la préfecture. L'arrivée d'Henri Fouillade, le patron de la Storim venu exposer son projet, est saluée d'une clameur. Les membres de la Commission départementale d'équipement commerciale sont courtoisement salués.
La manifestation est pacifique mais le message est ferme. Les banderoles en donnent la teneur, aux couleurs de l'Ucam ou du Cidunati. « Un emploi créé dans la grande distribution - Deux emplois supprimés dans le petit commerce. » « Les centres-villes sont des lieux de rencontre, des lieux de vie, des moments de convivialité. » « Quand le gazole sera à 2 euros le litre, aller chercher son pain à Haut-Mauco coûtera cher. »
Les deux coprésidents de l'Ucam sont reçus par le directeur de cabinet de la préfecture, Philippe Nucho. « On a été écoutés. Il sait que les gros projets auront des problèmes de viabilité », lance Bruno Dumarais à l'issue de l'entretien.
L'exemple de Troyes mis en avant par les commerçants montois est connu du directeur de cabinet. « Là-bas, rappelle Bruno Dumarais, l'implantation d'une vaste zone commerciale a entraîné la suppression de 1 500 emplois sur cinq ans chez les petits commerçants. » À Mont-de-Marsan, ce serait sans doute un peu moins mais encore beaucoup trop. « Ce sera autant de chômeurs, sans parler des gérants qui se retrouveront au mieux au RMI. »
« Nous ne sommes pas contre tout mais contre les projets pharaoniques », tempère le commerçant. « Une étude de la CCI a estimé il y a quelques mois qu'il manquait 1 600 m² de grande surface. Notamment une enseigne Kiabi, désormais installée à côté de chez Gifi, Décathlon et Darty ou Boulanger. Ces implantations-là, nous y sommes favorables. » Elles viendront et quantité d'autres avec.
Du coup, après avoir pris connaissance des résultats, Bruno Dumarais a démissionné hier de son poste de responsabilité à l'Ucam. « Je ne supporte pas que la mairie ait dit une chose le mercredi et l'inverse le jeudi. Je suis médusé. » L'autre coprésident Christian Lacroix pourrait suivre.
Geneviève Darrieussecq n'a pas la même version. « Ils n'ont entendu que ce qu'ils avaient envie d'entendre. » Apaisante, le maire annonce qu'elle ira sous peu à la rencontre de l'Ucam.
J.-F. R.
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