Sentinelle de la « belle bleue », Valérie Cohou est chargée de mission au Groupe d'investigation sur la faune sauvage (GIFS). Hébergée dans les locaux de la Fédération des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques, elle ne pouvait avoir meilleur poste d'observation. D'abord, parce qu'elle connaît la « fédé » comme sa poche. Elle y a fait son stage en entrant il y a 10 ans au GIFS dont le siège est à Pontonx (Landes).
Et puis parce que la jeune femme, qui travaille aussi pour la fédération régionale d'Aquitaine, au coeur des flux migratoires pyrénéens, peut d'ici avoir l'oeil partout. En plaine, dans les cols, sur les zones de repos des migratrices, sur l'hivernage, les baguages et autres éléments susceptibles de mieux appréhender la cible. C'est elle qui apporte le vernis scientifique aux informations collectées par les techniciens. Qui « remet au clair », comme elle le dit, les idées reçues. En tordant le cou aux fausses certitudes de la vox populi. Sait-on notamment que les palombes se déplacent de nuit ? Comme les grues. Ce qui a été vérifié sur au moins trois oiseaux bleus équipés de balises Argos. Un programme destiné à suivre ainsi dans leurs villégiatures 25 palombes jusqu'en 2015 (lire par ailleurs). Valérie Cohou reste à l'écoute de leurs moindres mouvements.
Titulaire d'un master environnement, elle est en mesure de transmettre une précieuse expertise. Au service par exemple de « la trame verte et bleue » préservant en Aquitaine les espaces terrestres et aquatiques. Comme auprès des instances fédérales de la région lors de la réalisation de l'autoroute Pau-Langon, l'A65, pour proposer des mesures compensatoires favorisant le passage de la grande faune. L'objectif pour la missionnée du GIFS, qui ne rate aucun colloque ou échange scientifique, est toujours de parvenir à la publication des résultats obtenus par la recherche. Elle attend avec impatience en novembre un ouvrage (de Maiana Camino) qui recense toutes les espèces chassables dans le Sud-Ouest ainsi que le suivi de ces populations. La connaissance progresse ainsi par strates. Rien n'échappe à l'ancienne joueuse de basket et de handball qui sait que l'analyse se grave dans le marbre de l'esprit de compétition.
ligne de vie
- Les balises Argos.
« C'est un programme de recherches jusqu'en 2015 financé par les chasseurs d'Aquitaine, de Midi-Pyrénées et la fédération nationale, sur la base d'études effectuées en 2001. La première opération a été mise en place en 2009. Nous avons équipé de balises Argos, en février dernier, 10 palombes capturées sur leur aire d'hivernage : dans le nord, au Portugal et dans les Landes (Créon-d'Armagnac et Banos). Nous les suivons dans la migration et leurs haltes, comme sur les aires d'hivernage et lieux de nidification pour une meilleure connaissance de l'espèce. Un outil complémentaire des baguages ».
- Les baguages.
« 20 000 palombes ont été marquées depuis 1988 par une vingtaine de bagueurs agréés du Museum d'histoire naturelle, issus des 13 fédérations de chasse du Grand Sud-Ouest. »
- Les populations.
« On compte en moyenne entre 1,6 et 1,8 million de migratrices depuis 10 ans. Les dortoirs du Sud-Ouest en abritent un bon million. Et l'hivernage ibérique représente entre 2 et 3 millions d'oiseaux ».
- L'observation des passages.
« Urrugne, Banca, Arnéguy et Sare. Les techniciens, deux par poste avec deux stagiaires, en lien avec le GIFS, comptent les vols et le nombre d'oiseaux à l'oeil nu, notent la météo, les vents dominants ».
- Les migrations.
Les palombes nichent en Allemagne, Pologne, République Tchèque et Suisse. Aux premières offensives du froid, elles mettent le cap au sud et reviennent pour la plupart à la case départ à la fin de l'hiver. Mais on note une explosion de la population des sédentaires qui colonisent par le sud. Elles ont une grande capacité d'adaptation quand elles ont de la nourriture ».