Francis Ithurburu n'en est pas à sa première intervention dans nos colonnes sur ce sujet qu'il affectionne particulièrement : le frelon asiatique (lire « Sud Ouest » du 26 avril dernier). A la retraite, cet habitant de Biscarrosse, apiculteur à ses heures perdues, observe depuis un long moment ce nuisible, très friand d'abeilles, qui fait parler de lui dans les Landes depuis l'an 2006.
L'homme, âgé de 59 ans, a même trouvé une solution pour que les nids cessent de se développer. Une demande de brevet est en cours. Il s'agit d'un « appât régulateur de l'activité du frelon asiatique ». À l'aide d'un produit fabriqué par un laboratoire dont il tait le nom, Francis Ithurburu a mis au point une mixture, une sorte de gelée, contenant « un répulsif pour les abeilles et un attractif pour les frelons ».
Des tests concluants
Le quinquagénaire est parti du constat que l'on doit pouvoir transposer ce qui se fait pour éliminer les fourmis et les termites. « Au début, j'ai bricolé, lance-t-il. J'ai d'abord essayé de faire transporter aux frelons une gélule contenant l'insecticide, sans résultats concluants. Il faut savoir que ces insectes portent leur nourriture selon le principe de trophallaxie : ils ramènent dans leur jabot, leur second estomac, les aliments destinés aux larves. »
Résultat, depuis qu'il l'a testé sur deux nids de frelons asiatiques, ils ont arrêté de croître. Il a laissé se développer le premier pendant deux semaines. « J'ai ensuite utilisé mon appât, et au bout d'un mois, c'était fini, précise M. Ithurburu. Ça a eu pour but d'attaquer les toutes premières ouvrières. » Le second nid a grandi pendant près de trois mois, de mai à juillet. Une fois la gelée utilisée, l'apiculteur observe aujourd'hui que le nid évolue au ralenti. Il voulait voir l'effet de son « appât » sur une colonie plus développée.
Mais que se passe-t-il pour que le nid réagisse de la sorte ? Cette « nourriture » donnée aux larves contient un insecticide de la famille des benzoylurées et a pour effet d'empêcher la croissance des larves, c'est-à-dire la formation de la chitine, l'un des composants principaux de l'exosquelette des insectes.
L'homme est un fervent ennemi, comme tant d'autres, des pièges bouteilles. « Ce genre de système est néfaste pour les autres espèces de frelons et d'insectes », résume le quinquagénaire. Ajoutant qu'avec sa gelée, « on doit tout de même admettre et s'attendre à une incidence collatérale sur la famille des vespidés, mais bien moins importante que la catastrophique généralisation de ces pièges ». Il précise expressément que cet appât est destiné à « un usage vétérinaire et doit être déposé dans et aux abords des ruchers ».
Un argument qui convient à Hervé Thomas, entomologiste et vice-président de la Société linnéenne de Bordeaux : « Je ne peux que porter du crédit à cette expérimentation qui me semble intéressante à creuser. Le fait de l'utiliser dans et aux abords des ruchers ne va pas rompre l'écosystème. »
Enfin, M. Ithurburu est actuellement à la recherche d'une colonie qui développe ses reines afin de tester son produit. Des volontaires ?