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Un bon graveur, des rames de papier coquille et une rotative, dans le film "Le cave se rebiffe", Jean Gabin et Maurice Biraud impriment en une journée l'équivalent d'un milliard d'anciens francs en florins néerlandais...
Aujourd'hui, l'impression de "talbins" est bien plus compliquée. "Nous importons nos balles de coton et produisons nous-mêmes un papier très sophistiqué", explique-t-on à la Banque de France. Et remplacer l'euro par de nouveaux "euro-francs" prendrait plus de... deux ans !
"L'éclatement de la monnaie unique est impossible à dessiner", souligne Jean Peyrelevade, de la banque Leonardo. L'abandon de la monnaie unique serait à la fois un défi technique et un casse-tête économique sans précédent.
Toute l'Europe déstabilisée
Ainsi, chaque pays imprime ses euros. Sur un billet figure une liste de chiffres précédée d'une lettre différente selon les pays : U pour la France, X pour l'Allemagne ou Y pour la Grèce, etc.
En cas de dissolution de la zone, particuliers et commerçants voudront conserver des euros émis par des pays dont la monnaie est susceptible de se réévaluer (Allemagne, Pays-Bas...) et se débarrasser des autres.
C'est toute l'Europe qui serait déstabilisée par la fuite des capitaux des pays faibles, vers le nouvel euro-mark, plutôt que la nouvelle euro-drachme.
Or, les créances croisées des banques européennes représentaient fin juin 9.340 milliards d', selon la Banque des Règlements internationaux.
Le chaos
Pour éviter cela, les pays devraient en urgence rétablir un contrôle des changes et des mouvements financiers. Un cauchemar pour les groupes internationaux. Les gouvernements devraient aussi interdire les retraits d'argent aux guichets (les particuliers les plus craintifs auraient déjà commencé à stocker de l'argent dans leurs coffres !)...
La principale inconnue serait l'ampleur des fluctuations de changes entre ces nouvelles monnaies nationales. Les Etats dont la dette externe resterait libellée en , alors que leurs recettes fiscales le seront en monnaie locale plus faible, risqueraient la faillite. A moins de restructurer les dettes, mais alors ce serait les banques, ruinées, qu'il faudrait nationaliser.
Les pays forts y perdraient aussi
Enfin pour ajouter au chaos, si certains pays dévaluaient fortement, leurs voisins seraient tentés de rétablir des droits de douane, pour protéger leur industrie face à la déferlante de produits bradés.
Les pays forts n'y gagneraient pas pour autant, car la hausse brutale de leur monnaie serait fatale à la compétitivité de leurs entreprises exportatrices, et dangereuse pour leur économie dans son ensemble.
Un exemple : selon le FMI, les actifs allemands situés dans des pays étrangers sont évalués à 8.900 milliards d'euros. Si le nouvel euro-mark s'appréciait de 20% en moyenne, la valeur des actifs internationaux fondrait de 20%, soit une perte sèche de 1.780 milliards...