Mais plutôt que de se fier à son impression, mieux vaut des chiffres, solides. Et là, la situation est beaucoup moins grave que redoutée pour les agriculteurs landais. « En novembre et décembre, nous avons eu des précipitations nettement supérieures aux moyennes habituelles, rapporte Bernard Grihon, conseiller spécialisé sur la gestion de l'eau à la Chambre d'agriculture des Landes. Jusqu'à 200-250 % de plus que d'habitude (des chiffres que Météo France confirme pour novembre, NDLR). Ce qui fait que les lacs et les retenues collinaires qui réalimentent les rivières du bassin de l'Adour sont remplis à 99 %. L'évaporation d'ici à l'été n'étant pas significative, il n'y a donc pas d'inquiétude pour le maïs en juillet et août.»
La végétation est en avance
Par contre, et les particuliers qui tondent leurs pelouses l'ont remarqué, le problème vient surtout de la pousse actuelle de l'herbe. De janvier à fin avril 2011, le déficit de pluviométrie par rapport à la moyenne est de 55 %, avec des pointes à 70, voire 80 % en février-mars. Ce qui pose de gros problèmes actuellement aux éleveurs. « La végétation a trois à quatre semaines d'avance, constate Olivier Léglise, éleveur de bovins viande à Monségur. Les foins ont épié très tôt, ce qui leur donne une qualité inférieure. Mais surtout, à cause du manque d'eau, l'herbe ne repousse pas bien. Et ce n'est pas en été, même s'il pleut, que je pourrai me rattraper. Les foins, c'est au printemps qu'on les fait. Je compte sur une récolte de 20 à 40 % inférieure à la normale, et ce qui m'inquiète, c'est que je vais devoir entamer mes réserves de maïs ensilage bien plus tôt que d'habitude. Alors que cette période, dite estivale, commence normalement à la fin juin, l'été pourrait bien débuter dès le 15 mai cette année. » C'est pour cette raison que les éleveurs comme M. Léglise ont demandé à l'État de pouvoir disposer cette année de l'herbe qui pousse sur les jachères.
La suite sera liée au temps qu'il fera en mai et juin, où d'habitude il pleut pas mal, pour assurer la pousse du maïs, mais après sa levée seulement. Mais il n'y a pas de problème actuellement, car les céréales d'hiver, très affectées dans d'autres régions de France, couvrent très peu de surfaces dans les Landes.
À noter que le niveau des nappes phréatiques n'est pas non plus inquiétant, pour l'instant. Le service hydrogéologie du Conseil général (www.landes.org) indique que toutes nappes confondues, les niveaux de janvier dernier étaient au-dessus des moyennes des 20 dernières années. Depuis, certaines sont passées légèrement en-dessous, mais globalement la situation s'est améliorée par rapport aux niveaux moyens d'il y a quelques années.
restriction d'eau, eau potable ou non potable, les agriculteurs arrosent en cachette la nuit