SAINT-JUSTIN. Hier matin, (21.01.10) une violente collision entre une voiture et un camion transportant du bois a coûté la vie à un Isérois. Son épouse est entre la vie et la mort
La Honda s'est encastrée sous la remorque de l'ensemble routier. (photo pascal bats)
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«Ne vous approchez pas... à moins que vous n'ayez le coeur bien accroché... », prévient un routier, à quelques mètres de la scène terrible, et spectaculaire, qui, hier matin, endeuillait la RD 933, un peu avant Saint-Justin (dans le sens Marmande - Mont-de-Marsan). En effet, l'image est éloquente et il aurait fallu un miracle pour que le conducteur de la Honda échappe à la mort. Il n'y en a pas eu. L'homme, un Isérois de 73 ans a été tué sur le coup. La passagère avant, son épouse, âgée de 68 ans, a été transportée dans un état de santé très critique à l'hôpital Pellegrin à Bordeaux. Polytraumatisée, elle a été admise au service de déchocage. L'hélicoptère du Samu n'ayant pu décoller, à cause du brouillard épais qui recouvrait le département, la victime a été évacuée par moyen terrestre, à bord d'une ambulance médicalisée par le Smur. |
Visibilité
Des conditions climatiques qui sont, en partie, à l'origine de l'accident. En effet, hier matin, la visibilité est inférieure à 100 mètres quand le couple d'Isérois, qui part en vacances le coffre chargé de valises, circule sur la route départementale. Au même moment, un ensemble routier composé d'un tracteur et d'une remorque effectue un demi-tour et entame une manoeuvre de marche arrière vers la zone de stockage de bois ronds où il veut charger sa cargaison.
D'après les premiers éléments de l'enquête, les warnings et les petits feux latéraux orange sont allumés. Il est en travers de la route, quasiment perpendiculaire au sens de circulation quand la Honda gris métallisé et immatriculée en Isère (38) arrive. À cause de l'épaisse nappe de brouillard, additionnée à la nuit noire, le conducteur ne voit l'obstacle qu'au dernier moment.
Le choc est inévitable : malgré le freinage en catastrophe, la voiture s'encastre sous la remorque. Le conducteur est tué sur le coup. Il est décapité. Son épouse est grièvement blessée. Des vérifications d'identité étaient en cours hier.
À bord de l'ensemble routier, le chauffeur, un Landais, est indemne. En état de choc, il alerte les secours, aux côtés du premier témoin arrivé sur les lieux, Bruno Vitiello, chauffeur de poids lourd basé au Pays basque. « Je croyais que le tracteur avait cassé : je n'avais même pas vu qu'il y avait une voiture dessous, tellement elle était encastrée », confie-t-il.
Un important dispositif de secours est immédiatement déployé, dans des conditions de travail difficiles :
une grue Rollin est nécessaire pour lever la remorque et dégager la Honda. La désincarcération des corps est également délicate. Pendant toute l'intervention, la circulation doit être régulée sur cet axe fréquenté en 2008 par 6 350 véhicules par jour, dont 15 % de poids lourds. Soit 1 000 camions quotidiens. « Et bien plus encore depuis la tempête », commente le capitaine Benne, chef de l'escadron départemental de sécurité routière. Une déviation est installée par le sud pour les voitures, tandis que les poids lourds, ne pouvant être délestés sur des itinéraires plus étroits, se garent sagement sur la RD 933, à la queue leu leu sur plusieurs centaines de mètres.
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Actualité :
Le conducteur décède, la passagère en sursis
Le bois de la tempête
Sur les lieux du drame, le maire de la commune, Philippe Latry, évoque le « problème de l'évacuation du bois le long des axes passants ». « Un an après Klaus, on voit le bout des quelque 42 millions de mètres cubes de bois à terre. Mais il faudrait peut-être réfléchir à installer les zones de stockage un peu plus loin qu'au bord des routes. Regardez ici la configuration des lieux : à droite de la RD 933, une zone de stockage, à gauche une autre zone. Et les camions doivent manoeuvrer au milieu, c'est beaucoup trop dangereux », s'insurge l'élu. Ces derniers jours, plusieurs accidents de la circulation impliquant les engins transportant le bois rond ont en effet été recensés.
Les gendarmes devaient aussi vérifier le statut sous lequel travaille l'ensemble routier. « Le régime dérogatoire implique en effet une série d'obligations précises », poursuit le capitaine Benne. Après son audition à la gendarmerie de Gabarret, la garde à vue du chauffeur était levée, tandis que les investigations techniques et les examens sanguins sont en cours.
Après une année 2009 marquée par une accidentologie en hausse avec 54 tués, ce drame de la route à Saint-Justin ouvre la liste noire de 2010 sur les routes landaises.
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