L'arbre mort en 45 jours
Une étude datant d'avril 2010 et due au Département santé de la forêt (ministère de l'Agriculture), révèle que l'animal peut entraîner la mort des arbres en 45 jours, en bloquant la circulation de la sève.
Au Portugal, entre 2000 et 2006, il a fallu abattre environ 1 million d'arbres pour tenter de le contenir, dans une zone tampon de 20 kilomètres autour de la zone infestée.Mais ce fut insuffisant, car en 2007, une nouvelle ceinture de 3 km de large et de 300 km de long a été délimitée dans laquelle tous les peuplements de pins ont été coupés à blanc. Las, le parasite n'a pu être contenu, malgré les 24 millions d'euros dépensés sur la période 2001-2009.
Menace à l'horizon 2030
Depuis, le mal est passé en Espagne, où la lutte a déjà coûté 3 millions d'euros, et tout récemment en France, à cause d'une palette de bois, dans l'est de la France, malgré les précautions prises pour tout déplacement d'un chargement de bois ou d'un équipement de cette matière sur le territoire. En se projetant sur l'avenir, l'étude estime que le risque d'infestation de l'Aquitaine est de 100 % à l'horizon 2030. « C'est-à-dire, commente M. Darmanté, que si nous ne faisons rien, toute la forêt d'Aquitaine est menacée de disparition d'ici 20 ans. Nous sommes donc très en retard, surtout si on reste dans la monoculture comme depuis 150 ans. Je pense donc que nous devons regarder de très près comment la démarche de reconstitution de la forêt détruite par la tempête Klaus va s'engager. Pour ma part, j'estime que nous devons réfléchir à procéder différemment, en essayant de traiter la forêt de manière multifonctionnelle, et pas uniquement comme productrice de bois d'industrie. »
L'entrepreneur d'espaces verts amoureux des arbres entonne à nouveau le couplet sur les différentes fonctions de la forêt : pompe à carbone contre le gaz à effet de serre, filtre pour la qualité de l'air, garant de la biodiversité.
Effectivement, c'est dans la forêt que les Landais vont cueillir des champignons ou chasser la bécasse. Et il ne semble pas d'accord avec la décision qui a été prise de replanter toute la forêt détruite le 29 janvier 2009 par des arbres d'une seule espèce, le pin maritime.
Principe de précaution
Pierre Darmanté poursuit : « Au nom du principe de précaution, il ne serait pas absurde qu'une partie des forêts qui seront reconstituées le soient avec, à côté du pin, d'autres essences qui poussent déjà sur le massif : chênes pédonculés, tauzins, chênes lièges, robiniers, bouleaux, trembles, saules, etc. Elles ne seront jamais aussi productrices de bois pour l'industrie que le pin maritime et le manque à gagner devrait être compensé par la rémunération des autres bienfaits qu'apporte la forêt à la collectivité. »
Et puisque la forêt privée a pris l'habitude de travailler plutôt en faveur de l'industrie du bois et du papier, le maire d'Arjuzanx propose que les forêts domaniales et communales servent d'exemple. « Les forêts publiques, dit-il, auxquelles la loi assigne ces autres fonctions, devraient être pilotes dans ce type de reboisement. »
Mais la tâche est importante, car la recherche a pris du retard sur ce sujet, notamment parce que les besoins de bois dans l'industrie ont occulté le débat sur le boisement différencié, qui doit être possible en Aquitaine, à condition qu'on veuille bien le tenter. Les communes forestières ont donc en projet, en partenariat avec l'ONF (Office national des forêts), d'étudier et de développer des itinéraires alternatifs, afin de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
« Pour les scolytes, j'avais averti toute la filière que c'était le premier danger après la tempête Klaus, mais je n'ai pas été écouté. J'espère que nous n'allons pas recommencer pour le nématode. Car aujourd'hui, on est en droit de s'interroger sur l'avenir du pin maritime dans les Landes », conclut le Landais d'Arjuzanx.
. après le fléau klaus le scolyte le nématode sauvé par des baradeaux de chênes