Situé sur la route départementale 933, le restaurant Chez Mamy est un refuge pour les routiers et beaucoup d'autres. Un véritable havre de paix où l'on déguste des plats traditionnels.
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Depuis 41 ans, Giselle œuvre derrière les fourneaux de Chez Mamy. Pour le plus grand bonheur des routiers et des habitués. Photos Nicolas Le Lièvre |
C'est le genre d'odeur qu'on n'oublie pas. Un mélange indéfinissable de saveurs qui nous ramène quelques années en arrière, quand on allait déjeuner le dimanche chez les grands-parents, tout excité.
Quand on entre Chez Mamy, tout est réuni pour que l'on s'y croie vraiment. D'abord, l'ambiance chaleureuse dès que l'on pousse la porte du restaurant. Puis, la décoration, tellement propre aux maisons habitées depuis de nombreuses années. Enfin, le sourire de Giselle. Une expression si douce et sereine, qui nous rappelle la tranquillité que l'on avait, une fois auprès de nos grands-mères.
41 ans qu'elle passe ses journées à éplucher, dépecer, couper, bouillir ses légumes et ses viandes, mais pas une pointe de lassitude ne transparaît chez la « mamma », quand elle prépare sa poule au pot. Un tablier autour du cou, il est difficile de la suivre tant elle a pris le coup de main pour farcir sa poule. |
Il faut dire que depuis qu'elle est en cuisine, elle prépare ce plat typique au moins une fois par semaine. Très souvent le dimanche, quand les habitués - qui sont nombreux - viennent prendre quelques heures de bon temps. « Certains viennent même de Bordeaux et vérifient que je prépare bien de la poule au pot », raconte-t-elle.
La poule au pot
Il faut avoir plusieurs cordes à son arc pour bien cuisiner une poule au pot.
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Il faut avoir plusieurs cordes à son arc pour bien cuisiner une poule au pot. La première, c'est d'avoir un réfrigérateur bien fourni, pour faire une farce digne de ce nom : pour une poule, Giselle mixe quatre œufs, du jambon de Bayonne - « le vrai jambon » -, le foie et les gésiers de la poule, de la mie de pain, un peu d'ail, des oignons et du persil.
Deuxième exigence : être précis, car la farce ne s'introduit pas n'importe où. Dans le coffre de la bête certes, mais aussi entre la peau et la chair. Giselle, à l'aide d'une grande cuillère, y met un petit tiers, le reste étant destiné au coffre de la poule. « Je mets à peine vingt minutes pour faire le tout », explique la cuisinière. Compter un peu plus pour ceux qui n'ont pas été aux fourneaux pendant 41 années.
Troisième condition : savoir coudre. Avec une grosse aiguille, faire rejoindre la peau de la poule, cisaillée pour faire rentrer la farce. Quelques points de suture suffisent.
Quatrième et dernière exigence, et non des moindres : il faut être patient. Car la poule au pot ne se fait pas à la va-vite. Pas moins de 2 h 30 sont nécessaires à la faire cuire. Giselle plonge sa poule farcie dans sa marmite, remplie de carottes, poireaux, oignons et navets, qui bout à feu doux pendant la préparation. Recouvrir le tout d'un couvercle. Et attendre. « Quand l'aile se détache facilement, c'est que c'est cuit ! »
Marquer comme lu.
À côté de la gigantesque casserole posée sur le feu, d'autres marmites, remplies, elles, de tête de veau et de sauce au vin. Des plats qui mijotent longuement, eux aussi, chaque semaine. « Je ne démords pas de cette cuisine. Je suis une femme ancienne, je fais du traditionnel ! », rit Giselle, toujours énergique.
« Brochettes d'oiseaux »
Seule en cuisine, elle est néanmoins bien entourée. « Mon gendre s'occupe du potager, ma fille du service et Arlette de la vaisselle. » Cette dernière, employée de- puis 25 ans, Giselle la considère « comme sa fille ».
Car Chez Mamy, c'est bien d'une histoire de famille qu'il s'agit. C'est d'abord sa maman, celle que l'on appelait « Mamy », qui a débuté dans les cuisines du restaurant. Un endroit que la lignée connaissait déjà bien, avant même de l'acheter. « Quand j'étais petite, on y allait pour manger des brochettes d'oiseaux, j'adorais ça », raconte-t-elle, les yeux pétillants. Un beau jour, l'ancienne propriétaire propose à ses clients de reprendre l'établissement. Ils n'hésitent pas une seule seconde. « Ça s'est fait très rapidement. On a acheté le restaurant le jeudi. Le vendredi, on était déjà en cuisine ! »
« On ne sort pas avec la faim »
Depuis, Giselle se lève vers 5 heures tous les matins. Parce que ses plats demandent du temps mais aussi parce que ses clients ne sont pas tout à fait comme les autres. Situé sur la départementale 933, son restaurant est le refuge de nombreux routiers, pour qui Chez Mamy est un péage incontournable qu'ils payent de bon cœur. À longs voyages, grosses faims, et Giselle l'entend bien de ce ton. Pour 12 euros, elle leur sert un potage, une assiette de charcuterie accompagnée de crudités, un plat (poule au pot par exemple), suivi d'un rôti servi avec ses accompagnements et quelques crêpes maison. Rien que ça. « En principe, on ne sort pas avec la faim », raconte la restauratrice. Dans la salle d'une trentaine de couverts, un écriteau sur lequel est inscrit, en patois : « Entrez ici. La maison est bonne. Vous aurez ici le pain, le vin et le verre ». Et tant d'autres choses.
Combien d'heures par jour passe Gisèle en cuisine ? « Je ne sais pas ! Quand on aime, on ne compte pas », plaisante la cuisinière, du haut de son mètre 50. La fatigue ? Elle ne la ressent pas. La sieste ? Elle ne connaît pas. En attendant, elle touche du bois. Nous aussi.
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par Virginie Ramel |
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